Les jeunes consomment les films et séries d’ici différemment
Collaboration spéciale
Même si les plateformes internationales de diffusion en continu connaissent une forte popularité auprès des jeunes adultes, ces derniers consomment toujours des contenus d’origine québécoise. C’est ce que conclut l’étude C’est important de soutenir les contenus québécois, mais moi, j’en regarde pas.
Les résultats de cette enquête réalisée par des chercheurs de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), en partenariat avec l’Association québécoise de la production médiatique (AQPM) et l’Académie de la transformation numérique (ATN), ont été présentés au plus récent congrès de l’Acfas, en mai. Le sondage a été mené en avril 2023 auprès de 1000 répondants âgés de 18 à 24 ans.
« Les jeunes adultes regardaient toujours des contenus québécois, en assez forte majorité, que ce soit en ligne ou à la télévision », note Christine Thoër, professeure au Département de communication sociale et publique à l’UQAM. Ainsi, ils ont été 63 % à avoir vu des contenus québécois le mois précédant l’étude.
Or, les experts ont discuté avec des producteurs médiatiques québécois, qui ont été surpris de ces conclusions. « Ils nous répondaient qu’ils n’avaient pas ce sentiment, comme quoi les jeunes consomment des contenus québécois. Ils ont plus l’impression qu’ils les délaissent », ajoute Mme Thoër.
Dans le but de vérifier cette hypothèse, les chercheurs ont ensuite mis sur pied des groupes de jeunes au printemps dernier afin de mieux comprendre les résultats de leur première enquête. « On leur demandait ce qu’ils pensaient des contenus québécois. Ils disaient “oui, c’est important, il faut les soutenir, mais moi, je n’en regarde pas” », rapporte-t-elle.
Des habitudes différentes
Les sondés consomment davantage d’émissions et de films, tous pays confondus, en raison du succès des plateformes numériques comme Netflix, Disney+, Prime Video ou YouTube. Or, en ce qui a trait aux plateformes locales, les jeunes sont beaucoup moins nombreux à y regarder des contenus.
Publicités trop fréquentes, programme trop limité et pas rapidement renouvelé, fonctionnalités mal adaptées… « De manière générale, tout le monde est quand même assez critique à l’égard des plateformes locales », croit Mme Thoër.
Une télé encore trop boomer
Les répondants associent encore généralement le contenu québécois à la génération de leurs parents. Ainsi, ils estiment que les films et téléséries d’ici ciblent moins les jeunes adultes, notamment avec un manque de représentativité des diversités ethnoculturelles, sexuelles et socio-économiques. « Ils vont dire que, fréquemment, la télé québécoise est dramatique. Ils trouvent que les émissions que regardent leurs parents sont un peu répétitives. »
Les sondés croient aussi que la langue utilisée à l’écran ne reflète pas celle avec laquelle ils s’expriment dans leur quotidien. « Par exemple, ils répondaient que la façon dont les personnages parlent est souvent maladroite, qu’ils essaient d’imiter un langage familier, mais dans des phrases très bien formulées. Personne ne parle comme ça », illustre Mme Thoër.
Et comme les jeunes adultes sont plus enclins à faire usage des réseaux sociaux, ils estiment que les artisans télévisuels devraient davantage se tourner vers ces outils pour promouvoir leur contenu. Le nombre élevé de plateformes payantes pour une offre plus limitée en décourage également plusieurs de visionner du contenu québécois.
Afin de résoudre ce problème, Mme Thoër cite l’exemple de la France, qui a instauré un Pass Culture permettant aux plus jeunes d’accéder aux contenus locaux à moindre coût. De son côté, la nouvelle génération québécoise souhaite également que les producteurs et artisans travaillent le ton, les thématiques et la représentation de la diversité. « Ils disaient “des créateurs d’ici, il y en a plein. On les voit passer sur les plateformes qu’on suit. Mais il faut financer cette relève et qu’on la retrouve dans ce qu’on nous propose sur ces outils”. »
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