Un jardin olfactif dans les Cantons-de-l’Est

Ce texte fait partie du cahier spécial Plaisirs

Alexandra Bachand, qui célèbre cette année les 10 ans de La Grange du parfumeur, sa maison de haute parfumerie établie à Magog, a lancé une nouvelle eau de parfum aux effluves glamour – Jasmin à l’aube. Ce n’est pas tout : le nez vient aussi de publier en mars dernier un ouvrage magnifique, Jardins de senteurs. Projets aromatiques et secrets de parfumerie, qui fait la part belle aux fleurs de son jardin et propose des recettes aromatiques. Extraits choisis d’un entretien à coeur ouvert.

Après avoir d’abord étudié les beaux-arts, Alexandra Bachand s’est découvert une passion pour la parfumerie. « Les odeurs m’ont toujours aidée à peindre, confie-t-elle. Pour moi, elles sont liées à des couleurs. Le jour où j’ai compris la place que prenait l’odorat dans ma création, j’ai eu envie de l’intégrer pleinement et j’ai commencé à sculpter cette matière invisible. Le parfum est devenu mon médium », raconte-t-elle.

Cette poésie de l’invisible, comme elle la décrit, l’a suivie jusque dans son jardin. C’est là, entourée des pivoines, des roses, des oeillets, des lys et de nombreux autres végétaux, dont des herbes aromatiques et des arbustes odorants, qu’Alexandra Bachand accueille le public durant la belle saison, sur rendez-vous uniquement. Un atelier de parfumerie en plein air original, voire atypique. « À la limite, on pourrait découvrir le jardin les yeux fermés, explique-t-elle. Moi, mon jardin, il ne se regarde pas, il se sent. »

Un havre inspirant

Depuis l’ancienne grange restaurée où elle a installé son atelier, Alexandra Bachand a vue sur le lac… et son jardin. Si elle n’y cultive pas les matières premières qui servent à l’élaboration de ses parfums — plusieurs des fleurs qu’elle utilise dans ses concoctions survivraient mal sous nos latitudes, rappelle-t-elle — elle y puise tout de même une bonne dose d’inventivité. « Mon jardin se veut plutôt un lieu d’émergence d’idées. Je suis très inspirée par les fleurs blanches : j’ai un coup de coeur pour les bosquets de seringat et les lys. »

Justement, sa dernière création, qu’elle a mis des années à peaufiner, est une ode au jasmin, la reine des fleurs blanches. « Quand j’ai commencé en parfumerie, je pensais que ma première fragrance en serait une au jasmin, mais j’ai vu que cela nécessitait de la patience. C’est une reine difficile à honorer. » Résultat ? Un bouquet tout en douceur doté d’une facette verte et romantique qui se distingue des notes sensuelles traditionnellement associées au jasmin. « Le mien est plutôt du matin que du soir », compare-t-elle.

Envie de humer Jasmin à l’aube et les autres créations signées Alexandra Bachand ? Ce sera possible durant les mois de juillet et d’août, seule période de l’année où elle ouvre une porte sur son univers. Dans un cadre enchanteur, le Festival parfumé donne l’occasion de découvrir sa collection de manière inusitée, à l’extérieur, entouré des sillages éphémères du jardin. « C’est un moment où on se permet de vivre pleinement la beauté par l’odorat, loin des codes habituels de la parfumerie, précise-t-elle. L’art avant tout ! »

Festival parfum au Jardin de senteurs, du 3 juillet au 17 août 2024, 1245, chemin des Pères, Magog, réservations : alexandrabach.com

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