Des habitants du nord de la bande de Gaza fuient sous les bombardements israéliens
Des bombardements israéliens meurtriers ont visé jeudi l’est de la ville de Gaza, poussant ses habitants à fuir, à l’heure où les craintes grandissent de voir la guerre menée par Israël contre le Hamas dans le territoire palestinien se propager au Liban.
Des tirs d’artillerie et d’hélicoptères ont ciblé le quartier de Choujaïya, où des combats opposaient les soldats israéliens à des combattants palestiniens, selon la Défense civile et des témoins qui ont fait état de nombreuses victimes.
« Des dizaines de milliers de civils », a indiqué la Défense civile, ont fui ce secteur du nord de la bande de Gaza, après que l’armée a demandé aux habitants d’évacuer les lieux.
Depuis le début de la guerre, le 7 octobre, entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza, le Hezbollah libanais, qui soutient le mouvement islamiste palestinien, échange régulièrement des tirs avec l’armée israélienne à la frontière israélo-libanaise.
Les craintes de voir ces violences dégénérer en guerre totale contre le Liban se sont accrues au cours des derniers jours.
Le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, qui a achevé mercredi une visite à Washington, a assuré que son pays avait « la capacité de ramener le Liban à l’âge de pierre » en cas de guerre contre le Hezbollah. « Nous ne voulons pas d’une guerre », a-t-il toutefois ajouté, précisant que son gouvernement « se préparait à tout scénario ».
Le Hezbollah a annoncé jeudi soir avoir bombardé, avec « des dizaines de roquettes Katioucha », une base militaire du nord d’Israël en riposte à des frappes israéliennes, dont l’une a tué un de ses combattants.
Des habitants « terrorisés »
Dans la bande de Gaza, les bombardements se poursuivent malgré l’annonce, dimanche, par le premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou, que la phase « intense » de la guerre touchait à sa fin.
La Défense civile a dénombré jeudi au moins cinq morts dans la ville de Gaza.
Un habitant de Choujaïya, Omar Sukar, a raconté à l’AFP qu’un bombardement avait surpris une foule à un point de distribution d’eau dans le secteur de Shabura. Le camion-citerne venait d’arriver quand le bombardement a commencé, a-t-il dit.
« Les habitants terrorisés courent dans les rues […] Il y a des blessés et des martyrs qui gisent dans les rues », a dit un autre témoin.
Un médecin de l’hôpital al-Ahli, le docteur Muhammad Ghurab, a raconté qu’une « cinquantaine de victimes », parmi lesquelles sept morts, dont quatre enfants, avaient été transportés dans son établissement « alors que les forces israéliennes avançaient vers l’est de Choujaïya ».
Le Hamas a affirmé que les forces israéliennes « commençaient une incursion terrestre » et dénoncé « le déplacement forcé de milliers de personnes sous la pression de bombardements incessants ».
Dans un message en arabe publié sur X, l’armée israélienne a appelé la population à évacuer la zone « pour sa propre sécurité » et à se diriger vers un secteur qualifié de « zone humanitaire », à environ 25 kilomètres au sud.
De nombreux Palestiniens fuyaient à pied dans les rues en ruines, selon des images de l’AFP.
« Ça suffit ! Nous sommes dévastés. Nous avons perdu nos enfants et nos maisons, et nous continuons à fuir d’un endroit à un autre », a lancé une femme qui n’a pas donné son nom.
Dans le sud de la bande de Gaza, plusieurs bâtiments ont été détruits par les forces israéliennes à Rafah, selon des témoins. Dans la ville voisine de Khan Younès, des avions israéliens ont ciblé une école où se trouvaient, selon l’armée, « des terroristes ».
L’armée israélienne a lancé le 7 mai une offensive terrestre dans la ville de Rafah, frontalière avec l’Égypte, alors présentée comme l’ultime étape de sa guerre contre le Hamas.
Mais les combats ont repris depuis dans plusieurs autres régions, notamment dans le nord du territoire, que l’armée avait auparavant affirmé contrôler.
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« Apocalyptique »
La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque menée par des commandos du Hamas dans le sud d’Israël, qui a entraîné la mort de 1195 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l’AFP établi à partir de données officielles israéliennes.
Sur 251 personnes enlevées, 116 sont toujours retenues en otages à Gaza, dont 42 sont mortes, selon l’armée.
Des manifestants hostiles à Benjamin Nétanyahou se sont une nouvelle fois rassemblés jeudi à Jérusalem, réclamant des élections anticipées et un accord permettant la libération des otages.
En représailles à l’attaque, Israël a promis de détruire le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007 et qu’il considère comme une organisation terroriste, de même que les États-Unis et l’Union européenne.
L’offensive israélienne menée dans la bande de Gaza a fait jusqu’à présent 37 765 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas.
Le chef des affaires humanitaires de l’ONU, Martin Griffiths, avait averti mercredi que la propagation au Liban de la guerre à Gaza serait « potentiellement apocalyptique » et gagnerait les autres pays de la région avec des conséquences « imprévisibles ».
La France a appelé jeudi « à la plus grande retenue ».
La guerre a provoqué une catastrophe humanitaire dans le petit territoire de 2,4 millions d’habitants, assiégé par Israël, où l’eau et la nourriture manquent, où la plupart des hôpitaux sont hors service.
Jeudi, 21 malades atteints de cancer ont été évacués vers l’Égypte par le point de passage israélien de Kerem Shalom, selon une source médicale égyptienne.
L’UNICEF a par ailleurs annoncé être parvenue à un accord avec Israël afin de relancer une usine de dessalement d’eau dans le sud de la bande de Gaza.
Selon un rapport appuyé par l’ONU et publié mardi, près d’un demi-million d’habitants de Gaza sont confrontés à une famine « catastrophique ». Israël a rejeté jeudi cette évaluation, qu’il a jugée « trompeuse » et « biaisée ».