Israël annonce une poursuite des pourparlers en vue d’un cessez-le-feu

Des personnes transportent un homme blessé par les bombardements israéliens alors qu’elles arrivent devant le complexe médical Nasser à Khan Yunis,  le 5 juillet 2024. Photo by Bashar TALEB / AFP)
Photo: Bashar Taleb Agence France-Presse Des personnes transportent un homme blessé par les bombardements israéliens alors qu’elles arrivent devant le complexe médical Nasser à Khan Yunis, le 5 juillet 2024. Photo by Bashar TALEB / AFP)

Israël a déclaré vendredi que des « écarts » restaient à combler dans les discussions en vue d’un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et d’un accord de libération des otages, mais qu’il enverrait « la semaine prochaine » une délégation pour poursuivre les pourparlers avec des médiateurs qataris.

Après le retour vendredi soir en Israël du chef des services de renseignement israéliens, David Barnea, qui s’est entretenu à Doha avec des responsables qataris, le bureau du premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou a annoncé qu’une « équipe partira la semaine prochaine pour poursuivre les négociations » au Qatar.

« Il est souligné qu’il y a toujours des écarts entre les parties », a ajouté le porte-parole du bureau.

M. Nétanyahou, avait ordonné jeudi au chef du Mossad de se rendre à Doha après l’annonce par le Hamas de nouvelles « idées » pour un cessez-le-feu. M. Barnea devait notamment y rencontrer le premier ministre du Qatar, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani.

Avant l’annonce de la poursuite des pourparlers, le Hamas avait dit s’attendre d’ici samedi à une première réponse d’Israël à ses nouvelles « idées ».

Alors que les efforts de médiation menés par le Qatar, les États-Unis et l’Égypte se heurtent jusque-là aux exigences des deux camps, la guerre menace de prendre une dimension régionale avec des échanges de tirs quotidiens entre l’armée israélienne et le Hezbollah à la frontière nord d’Israël avec le Liban, qui ont connu une brusque intensification jeudi.

Une délégation du Hamas a rencontré vendredi au Liban le chef du mouvement islamiste libanais, Hassan Nasrallah, pour discuter de la situation sur le terrain et des négociations à venir.

L’ONU, elle, s’est dite « profondément préoccupée par l’augmentation de l’intensité des échanges de tirs » la veille, « ce qui accroît le risque d’une guerre à grande échelle ».

La guerre à Gaza alimente aussi une flambée des violences en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, où l’Autorité palestinienne a annoncé vendredi la mort de sept Palestiniens dans un raid israélien à Jénine, dont quatre « combattants » et un « commandant » du Hamas, selon le mouvement islamiste.

Pas de répit dans les combats

La guerre a été déclenchée par l’attaque sans précédent du Hamas dans le sud d’Israël le 7 octobre, qui a entraîné la mort de 1 195 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

Sur 251 personnes enlevées durant l’attaque, 116 sont toujours retenues en otages à Gaza, dont 42 sont mortes, selon l’armée.

En riposte, l’armée israélienne a lancé une offensive sur le territoire palestinien qui a fait jusqu’à présent 38 011 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas.

Après avoir progressé depuis le nord, l’armée a lancé le 7 mai une opération terrestre à Rafah, ville du sud de Gaza frontalière avec l’Égypte, alors présentée comme la dernière étape de la guerre.

Mais après bientôt neuf mois de conflit meurtrier, les combats ont repris dans plusieurs régions que l’armée avait dit contrôler, notamment à Choujaïya, un quartier est de la ville de Gaza (nord), où l’armée mène une opération terrestre appuyée par des bombardements depuis le 27 juin.

Vendredi, de nouveaux combats ont opposé à Choujaïya soldats israéliens et combattants palestiniens, selon une source du Hamas.

Des témoins ont aussi signalé des tirs d’artillerie israéliens et des frappes aériennes à Khan Younès (sud) et à Rafah, où se déroulaient des combats au sol.

Au total, 1,9 million de Gazaouis, 80 % de la population, sont à présent déplacés, selon l’ONU, à travers le territoire assiégé et menacé de famine.

L’Organisation mondiale de la santé a averti vendredi que le manque de carburant, récurrent depuis le début de la guerre, faisait courir un risque « catastrophique » au système de santé de Gaza, confronté à un afflux massif de malades et blessés.

Les livraisons fin juin de carburant pour l’approvisionnement en eau et le traitement des eaux usées « n’ont couvert que 10 % des besoins quotidiens », a également alerté le bureau des affaires humanitaires des Nations unies (Ocha).

«Les gens sont épuisés»

Annonçant jeudi que M. Nétanyahou avait fait part au président américain de l’envoi d’une délégation à Doha, son bureau avait rappelé la détermination d’Israël « à mettre un terme à la guerre seulement si tous ses objectifs sont remplis ».

Joe Biden et Benjamin Nétanyahou « se verront probablement quand le premier ministre » israélien sera à Washington, où il doit s’exprimer devant le Congrès le 24 juillet, a indiqué la Maison Blanche.

Les derniers éléments fournis par le Hamas « pourraient fournir la base nécessaire pour conclure un accord », a estimé un haut responsable américain, tout en prévenant qu’il restait « beaucoup à faire » et que ce serait « difficile ».

Benjamin Nétanyahou affirme vouloir continuer la guerre jusqu’à la destruction du Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007 et est considéré comme une organisation terroriste par les États-uniens, l’Union européenne et Israël, et la libération de tous les otages.

Le Hamas de son côté réclame un cessez-le-feu définitif et un retrait israélien de Gaza.

« Nous espérons que les deux parties coopéreront à un cessez-le-feu […] parce que les gens sont épuisés », a dit à l’AFP Hamed Jaroun, un Palestinien à Khan Younès.

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