L’Isle-aux-Coudres craint une «catastrophe» en cas de nouvelle grève des traversiers
Des commerçants de L’Isle-aux-Coudres craignent une saison touristique « catastrophique » en cas de nouvelle grève des traversiers. Les insulaires se tournent donc vers le premier ministre pour que cesse le conflit de travail à la Société des traversiers (STQ).
La grève de deux jours survenue lors de la fin de semaine de la Saint-Jean-Baptiste a fait mal aux commerçants de l’endroit. Les hôteliers ont vu leurs réservations fondre de 70 %, selon Guy Rousset, président de l’hôtel Cap-aux-Pierres. « [Cette diminution de l’achalandage], c’est pour l’ensemble de l’île, précise-t-il en entrevue avec Le Devoir. Il y avait quelques traversiers le matin et quelques traversiers le soir. Malgré ça, les traversiers étaient à moitié vides. Les gens se sont dit qu’ils n’iront pas sur l’île parce que ça va être le bordel. »
Lui et quatre autres personnalités d’affaires de la pittoresque île charlevoisienne ont envoyé une lettre commune mardi au premier ministre François Legault pour lui enjoindre de s’impliquer dans le conflit de travail entre la STQ et ses employés. Le syndicat des Métallos dispose d’au moins huit jours de grève supplémentaires lors desquels il pourrait interrompre les traversées pour mettre de la pression sur le gouvernement. Une menace qui pourrait être mise à exécution cet été, bien qu’aucune autre journée de grève n’ait été annoncée pour le moment.
« Cette situation est catastrophique pour une population qui non seulement dépend du tourisme, mais qui a aussi besoin d’un lien fiable entre le continent et L’Isle-aux-Coudres pour assurer sa sécurité et celle de ses visiteurs », soulignent ces gens d’affaires dans la lettre, dont Le Devoir a obtenu une copie.
« N’eût été ce bras de fer entre le gouvernement, la STQ et les employés des traversiers, notre saison s’annonçait plutôt bonne. Mais là, ça devient catastrophique », assure Guy Rousset.
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Une rumeur circule sur l’île à propos d’éventuels jours de grève durant les vacances de la construction. Le syndicat des Métallos dément cette information. Néanmoins, la simple possibilité d’une nouvelle grève heurte l’industrie du tourisme de la région, dont le chiffre d’affaires repose à 90 % sur les quatre mois de la saison estivale. Une dizaine de réservations sont inscrites chaque jour ces temps-ci dans l’hôtel de Guy Rousset, alors qu’il dit en recevoir près de 70 en moyenne en temps normal. « Le simple fait que ça soit annoncé, c’est destructeur », affirme-t-il.
La volonté du gouvernement de relancer le projet de troisième lien dans la capitale tandis que certaines régions attendent un premier lien fiable constitue d’après lui un manque de considération pour tout l’est du Québec. « On a l’impression d’être en quantité négligeable pour les pouvoirs politiques. »
Des journées de négociation entre la STQ et le syndicat des Métallos sont prévues dans le courant du mois de juillet. L’équipe des communications de la STQ affirme même avoir « ajouté une journée supplémentaire de négociation avant les dates visées par la rumeur de grève ».
Les officiers de navigation et les mécaniciens de la STQ sont sans contrat de travail depuis mars 2023 et ils n’ont pas eu d’augmentation de salaire depuis avril 2022. Les négociations achoppent principalement sur les salaires et le recours à la sous-traitance.
Ce reportage bénéficie du soutien de l’Initiative de journalisme local, financée par le gouvernement du Canada.