Ingérence ou solidarité ?

Des citoyens se sont rassemblés sur la place de la République à Paris, le jeudi 27 juin, pour manifester leur opposition à la montée de l’extrême droite nationaliste en France, dans le cadre des élections législatives déclenchées par le président français Emmanuel Macron le 9 juin dernier.
Photo: Christophe Ena Associated Press Des citoyens se sont rassemblés sur la place de la République à Paris, le jeudi 27 juin, pour manifester leur opposition à la montée de l’extrême droite nationaliste en France, dans le cadre des élections législatives déclenchées par le président français Emmanuel Macron le 9 juin dernier.

Des députés et quelques militants de Québec solidaire (QS) et du Nouveau Parti démocratique (NPD) appuient publiquement les candidatures du Nouveau Front Populaire (NFP) alors qu’il y a élection en France. Là-bas, tous les groupes sociaux et politiques sont d’ailleurs réunis pour une rare fois (organisations politiques, associations, syndicats, etc.).

L’accusation d’ingérence est sur le bout des lèvres de plusieurs chroniqueurs québécois et polémistes politiques, des gens plus à droite qu’à gauche, d’ailleurs. On se demande dans ce contexte qui a le plus intérêt à ce que la droite et l’extrême droite gagnent en France. Ces personnes sont sans doute les mêmes qui ne font pas la différence entre la défense des droits et le lobbying.

Soutenir la mobilisation et appuyer nos semblables, valider l’importance de leur lutte et de leur vote, leur apporter de l’espoir, ce n’est pas de l’ingérence.

Selon le député fédéral Alexandre Boulerice qui s’exprime sur les réseaux sociaux, la Gendarmerie royale du Canada (GRC) et les services secrets nous informent que l’ingérence se manifeste par deux types d’actions et démontre que l’on a un intérêt. Les actions d’ingérence consistent, premièrement, pour une puissance étrangère, à contrôler un parlementaire. Cela peut se faire par la menace, le chantage, ou par des cadeaux et avantages. Ainsi, le (ou la) député en question pourrait modifier ses votes ou donner des informations privilégiées au pays en question. Le second type d’ingérence est de tenter de perturber le processus électoral. Le plus courant est de semer la division et les tensions dans la société via les médias sociaux avec des « fake news » provenant de faux comptes. Cette stratégie vise à créer du chaos afin d’affaiblir politiquement un « adversaire ».

On a vu des commentateurs médiatiques confondre l’appui de QS et du NPD avec ce que les capitalistes chinois font au Canada. C’est manquer gravement de compréhension des enjeux et d’analyse.

Plusieurs partis de gauche en Europe soutiennent le NFP, ce qui est tout à fait naturel pour eux. Ils ont une histoire et une formation politique plus avancées que nous en ce qui concerne la construction des solidarités.

Après une meilleure compréhension du concept d’ingérence, il faut voir ce qui se joue actuellement en France : une montée de l’extrême droite comme plusieurs endroits dans le monde. Y mettre un frein est un devoir. C’est une question de vie ou de mort dans certains cas. Cela peut sembler très loin de nous, mais avez-vous vu les images des manifestations nazies en France ? Avez-vous vu les gens se faire tabasser dans la rue ?

Il faut savoir se mobiliser alors qu’il est encore temps. Avant de regretter d’être resté silencieux et d’avoir échoué à agir.

C’est ça qui se joue présentement. Ne pas voir que la droite fait la courte échelle à l’extrême droite, ne pas voir que la gauche a besoin d’un soutien de mobilisation, c’est soit un manque de formation politique soit de l’aveuglement volontaire.

Bon courage à nos amis Français.

Longue vie à la solidarité.

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