L’inflation a rebondi en mai au Canada
L’inflation annuelle a accéléré de manière inattendue en mai, soulevant des doutes sur ce que fera la Banque du Canada lorsqu’elle prendra sa prochaine décision sur les taux d’intérêt en juillet dans des conditions « cahoteuses et instables ».
L’indice des prix à la consommation a augmenté de 2,9 % d’une année à l’autre le mois dernier au Canada, ce qui est supérieur à la hausse de 2,7 % observée en avril.
Au Québec, l’inflation s’est aussi accélérée d’une année à l’autre le mois dernier, passant de 3,0 % en avril à 3,1 % en mai.
Selon Statistique Canada, l’accélération de la croissance de l’inflation est majoritairement attribuable à l’augmentation des prix des services. Ceux-ci ont progressé de 4,6 % en mai, après avoir augmenté de 4,2 % en avril.
Les prix des biens ont crû au même rythme qu’en avril, soit 1 %.
Le rapport sur l’inflation fait suite à la décision de la Banque du Canada, qui vise une inflation annuelle de 2 %, de réduire son taux d’intérêt de référence d’un quart de point de pourcentage plus tôt ce mois-ci, à 4,75 %.
La plus récente lecture des prix et les données sur l’inflation de juin à venir devraient jouer un rôle clé dans la prochaine décision sur les taux de la banque centrale, prévue pour le 24 juillet.
Inégalité du chemin vers un retour à 2 %
James Orlando, économiste principal à la Banque TD, a souligné qu’un mauvais rapport sur l’inflation ne permettait pas d’établir une tendance et que l’inflation restait inférieure à 3 %, mais que de telles données témoignaient de l’inégalité du chemin vers un retour à 2 %.
« Pour cette raison, nous pensons que la Banque du Canada fera probablement une pause lors de sa réunion de juillet, avant de réduire à nouveau ses taux en septembre », a écrit M. Orlando dans sa note.
À la suite de la publication du rapport sur l’inflation, les marchés financiers ont laissé entendre que les chances que la banque centrale réduise ses taux en juillet étaient plus faibles.
Cependant, Olivia Cross, économiste pour l’Amérique du Nord chez Capital Economics, a noté qu’une partie de la force de l’inflation était due à des facteurs susceptibles d’être ponctuels, et étant donné qu’il y a un autre rapport sur l’inflation avant la réunion de fin juillet, elle reste fidèle à son point de vue que la banque réduira à nouveau son taux directeur le mois prochain.
« Bien que la dernière publication augmente les chances que la banque fasse une pause lors de sa réunion de juillet, les autres données majeures publiées avant cette date – y compris la publication de l’IPC de juin – pourraient influencer la réflexion de la banque », a écrit Mme Cross.
En plus des données de l’inflation de juin, Statistique Canada publiera ses chiffres du produit intérieur brut pour avril et son enquête sur la population active pour juin. La Banque du Canada publiera également sa propre enquête sur les perspectives des entreprises et son enquête canadienne sur les attentes des consommateurs le 15 juillet.
Dawn Desjardins, économiste en chef chez Deloitte Canada, a affirmé que la banque centrale examinerait de très près les prochaines données.
« Ils ont eux-mêmes vraiment dit que ce serait cahoteux et instable, a déclaré M. Desjardins à propos de la Banque du Canada. Mais dans l’ensemble, est-ce suffisant pour dire : “OK, nous devons vraiment renoncer complètement à des réductions de taux — je ne pense pas.” »
Un résumé des délibérations du Conseil de direction de la Banque du Canada concernant sa décision sur les taux d’intérêt en juin indique que la banque centrale a envisagé d’attendre jusqu’en juillet pour baisser son taux directeur, mais a finalement décidé de le réduire plus tôt.
« Bien qu’ils aient reconnu le risque que les progrès puissent s’arrêter – comme cela a été le cas aux États-Unis – il y avait un consensus sur le fait qu’avec quatre mois consécutifs de ralentissement de l’inflation sous-jacente et des indicateurs suggérant une poursuite de la tendance à la baisse, les progrès avaient été suffisants pour justifier une première réduction du taux directeur », indique le résumé.
Statistique Canada a indiqué mardi que les frais d’intérêt hypothécaires ont augmenté de 23,3 % par rapport à l’année dernière, tandis que les prix des loyers ont augmenté de 8,9 %.
En mai, les prix des voyages organisés ont augmenté de 6,9 %, tandis que les prix du transport aérien ont augmenté de 4,5 %.
Les prix de l’essence ont augmenté de 5,6 % par rapport à l’année dernière.
Les prix des aliments achetés en magasin ont augmenté de 1,5 % d’une année à l’autre en mai, soit un peu plus qu’en avril, alors qu’ils avaient crû de 1,4 %. Il s’agit de la première accélération des prix des produits d’épicerie depuis juin de l’année dernière, mais Statistique Canada a déclaré que les consommateurs paient 22,5 % de plus pour l’épicerie par rapport à mai 2020.