«L’Imaginaire», de drames et de beauté

Le film «The Imaginary»
Photo: NETFLIX Le film «The Imaginary»

D’abord, ne pas confondre L’Imaginaire, de Yoshiyuki Momose, avec Imaginaire (V.F. de Imaginary), drame d’horreur assez moyen de Jeff Wadlow sorti en mars dernier. Ensuite, ne pas oublier la majuscule à « imaginaire ». Parce qu’il est ici question de « quelqu’un ». Cet Imaginaire s’appelle Rudger et il est né il y a exactement trois mois, trois semaines et trois jours… de l’imagination fertile d’Amanda. On l’aura compris, il est un ami imaginaire. Mais, comme tous ses semblables, il est bien réel et très présent pour l’enfant qui l’a créé. Et qui, plus que probablement, l’oubliera un jour. Lorsque le besoin de lui ne se fera plus sentir. Ou quand il/elle grandira.

Amanda et Rudger s’éclatent dans le grenier de la librairie tenue par la mère de la fillette. Ils y vivent des aventures formidables. L’imagination de l’enfant est vive, colorée, sans frontières. Rudger est heureux. Amanda aussi, grâce à lui. Un pacte les lie. « Ne jamais disparaître. Veiller sur l’autre. Ne jamais pleurer. » Un serment qui sera répété à quelques reprises, et mis à l’épreuve au moins autant de fois. Parce que l’inquiétant M. Bunting les menace. À cause de cet homme, et après un accident dont il se sent responsable, Rudger part en mission à la Cité des Imaginaires, là où se retrouvent les Imaginaires oubliés… quand ils ont survécu à l’oubli. Et à l’horrible Bunting.

Offert sur Netflix, entre autres en version originale japonaise avec sous-titres français ou en version doublée en français, L’Imaginaire est l’adaptation du livre de l’écrivain britannique A.F. Harrold. Il y est question du deuil, de l’oubli, du pouvoir de l’imagination. Par ses origines littéraires et certains de ses supports narratifs, l’histoire résonne, ici et là, d’échos provenant de celle, sans fin, qu’a écrite Michael Ende et qui a été adaptée à l’écran par Wolfgang Petersen en 1984.

Photo: Netflix Dans «The Imaginary», il y est question du deuil, de l’oubli, du pouvoir de l’imagination.

Le traitement est toutefois complètement différent. Déjà, opter pour l’animé impose un style et une façon de livrer le contenu. Visuellement, on est dans l’éblouissant. Yoshiyuki Momose a été l’un des maillons forts du Studio Ghibli et ça se voit. À ses côtés, pour adapter le texte original, Yoshiaki Nishimura, qui, en 2015, a créé le Studio Ponoc avec des anciens de Ghibli. La parenté entre les deux studios est indéniable.

Par contre, si la signature visuelle de Ponoc s’approche énormément de celle de Ghibli, il manque au jeune studio le talent d’un conteur de la trempe de Hayao Miyazaki. L’Imaginaire, qui n’est que le troisième long métrage de la boîte, est, par moments, plus littéraire que le roman dont il est extrait ; ses messages sont surexpliqués, les métaphores qui devraient lui permettre de s’envoler l’écrasent. Les adultes, ceux qui ont déjà été un enfant (certains l’ont oublié, ils ne comptent pas), seront quand même touchés, verront peut-être s’éveiller des souvenirs enfouis depuis longtemps. Ils pourront alors expliquer et (se) raconter à leurs petits, qui, eux, risquent de s’être perdus dans les méandres du récit.

L’Imaginaire

★★★ 1/2

Animation de Yoshiyuki Momose, écrit par Yoshiaki Nishimura à partir du roman de A. F. Harrold. Japon, 2024, 105 minutes. Sur Netflix.

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