Préparer l’avenir du Centre justice et foi

Le Centre justice et foi, à Montréal
Photo: Miguel Tremblay via Wikimedia Commons Le Centre justice et foi, à Montréal

Depuis l’annonce de la mise en veille de ses activités, le conseil d’administration du Centre justice et foi (CJF) se concentre sur les efforts de réflexion stratégique entourant son avenir. Cependant, la multiplication des sorties publiques d’un groupe d’employés mis à pied temporairement appelle à une réplique publique. Cette lettre est une réponse à « Notre version des faits », un texte de ceux-ci dont une version écourtée a été publiée dans Le Devoir du 25 juin.

D’abord, nous tenons à rappeler qu’en aucun temps, la décision du conseil d’administration n’a visé à faire table rase en poussant l’équipe à démissionner dans le but de relancer, sans elle, le Centre justice et foi dans une version édulcorée, tel qu’il a été rapporté dans le dernier article de la revue Présence.

Bien au contraire, le conseil d’administration a posé plusieurs gestes qui vont totalement à l’encontre de cette affirmation. Dès le départ, le conseil d’administration du CJF a pris la décision de maintenir les protections d’assurance collective permises et d’assumer l’entièreté des primes d’assurance collective, soit les portions de l’employé et de l’employeur.

De plus, le CA a effectué les démarches afin de modifier le Programme de prestations supplémentaires de chômage auprès de Service Canada afin d’y inclure l’arrêt temporaire de travail. Cette démarche permet aux employés qui reçoivent actuellement des prestations d’assurance-emploi de recevoir une rémunération hebdomadaire de 95 % de leur salaire habituel.

Bien que certains employés aient choisi de critiquer cette décision publiquement, il s’agit d’un geste posé de bonne foi. Aucun employé ni partenaire n’en avait fait la demande.

Mais surtout, ce qui caractérise les derniers mois est l’avancement des travaux sur les grandes orientations de l’avenir du CJF. À ce titre, le conseil d’administration a tenu plusieurs séances extraordinaires, en plus de ses rencontres habituelles, a mené de nombreux échanges avec différents partenaires de longue date et a procédé à l’embauche de consultants pour l’accompagner dans la démarche de réflexion stratégique.

Nous avons mentionné aux employés du CJF qu’ils auront un rôle à jouer dans la réflexion stratégique en cours. Cela dit, bien que nous reconnaissions leur grande expérience et compétence et leur contribution essentielle à cette oeuvre majeure, il incombe à un conseil d’administration de fixer d’abord le cadre au sein duquel les activités d’une institution peuvent être menées de manière responsable. Cela correspond à la perspective des Constitutions des Jésuites, qui assignent à la gouvernance la création d’un espace dans lequel ceux qui accomplissent la mission peuvent exercer leur propre discernement sur les moyens à déployer pour accomplir ladite mission. Une fois que cette étape cruciale sera terminée, les employés seront appelés à collaborer en temps opportun, et c’est au CA et à sa direction générale de déterminer quel sera ce moment.

Le CJF reconnaît la légitimité des sentiments qui animent les auteurs de cette lettre à l’égard du conseil d’administration. Cependant, il constate qu’ils ont également choisi de s’en prendre, sur la place publique de surcroît, à la directrice générale du CJF en affirmant ceci : « Rappelons que cette dernière, encore en probation, n’est en poste que depuis juin 2023 (sans compter trois mois d’absence), et qu’elle n’a pas d’ancrage dans le monde jésuite et ignatien. Comment ne pas trouver que notre expertise n’est pas respectée, en voyant que les jésuites se sentent obligés de signifier publiquement leur appui à une nouvelle direction qui aurait, dit-on, une “vision” et des “idées” — dont nous ignorons tout — et qui, visiblement, nécessitent notre mise à l’écart pour s’imposer ? Tout cela pose de nombreuses questions. »

Il est inacceptable que les personnes à l’origine de cette lettre s’en prennent de manière tout à fait gratuite à une femme dévouée, compétente et, surtout, qui n’est pas à l’origine de la suspension temporaire des activités du centre. De plus, les sentiments tout à fait légitimes causés par la situation actuelle ne peuvent en aucune circonstance justifier les atteintes à la réputation du CJF, et encore moins l’envoi de courriels hostiles à la directrice générale et à certains membres du CA dont le ton et les propos sont totalement inappropriés.

Finalement, le CJF souhaite insister sur le fait que la mise à pied des employés est bel et bien temporaire. Les vrais motifs derrière l’interruption temporaire des activités du centre ont été expliqués clairement dès le départ aux employés, aux partenaires ainsi que sur la place publique. En résumé, la mission du CJF a été élaborée au cours de nombreuses années et elle est l’oeuvre de Dieu ; nous la soutenons complètement et celle-ci n’est en aucun cas remise en question. Le discernement actuel porte sur la manière de réaliser cette mission compte tenu des ressources financières et opérationnelles limitées du CJF. Contrairement à ce qui a été évoqué dans le passé, cette décision n’a aucun motif politique.

Le conseil d’administration croit fermement à la mission du Centre justice et foi et entend poursuivre ses activités avec celles et ceux qui voudront bien collaborer de bonne foi, au moment opportun. Le CJF est toujours engagé en faveur de la participation, des pratiques fondamentales de la Compagnie de Jésus et de l’intégration de diverses perspectives pour parvenir à une compréhension et à un engagement partagés.

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