Il faut un lien fiable entre le continent et L’Isle-aux-Coudres

Le fleuve Saint-Laurent, à la hauteur de L’Isle-aux-Coudres.
Photo: Olivier Zuida Le Devoir Le fleuve Saint-Laurent, à la hauteur de L’Isle-aux-Coudres.

Monsieur le Premier Ministre François Legault, comme vous le savez, notre île aux Coudres dépend pour son économie de la fiabilité du lien maritime qui la relie au continent. Comme vous le savez encore, toute la région de Charlevoix et sa voisine, la Côte-Nord, vivent principalement du tourisme. La saison estivale, ici comme ailleurs, dure à peine quatre mois. Or, encore une fois, nous sommes otages du conflit entre le gouvernement et les employés de la Société des traversiers du Québec (STQ), qui font pression pour négocier et renouveler leur convention collective.

Après deux ans de pandémie, après une décennie de problèmes mécaniques à répétition de la flotte vieillissante de traversiers (toutes des épreuves qui ont grandement nui à l’économie, aux emplois et à la réputation de notre destination touristique), nous venons de vivre notre pire Saint-Jean-Baptiste depuis plus de 20 ans à cause de la grève des officiers des traversiers des 21 et 22 juin derniers.

Et voilà que pour rajouter à notre calvaire — et au désarroi de la clientèle, qui annule de plus en plus ses réservations et déserte notre région —, un préavis de grève a été déposé par les officiers et les matelots des traversiers de L’Isle-aux-Coudres pour une semaine complète durant les vacances de la construction. La publicité négative que ce conflit génère suscite une inquiétude palpable pour L’Isle-aux-Coudres, ses habitants, ses travailleurs, ses touristes, ses clients et ses fournisseurs. Cette situation est catastrophique pour une population qui non seulement dépend du tourisme, mais a aussi besoin d’un lien fiable avec le continent pour assurer sa sécurité et celle de ses visiteurs.

Monsieur le Premier Ministre, vous avez été un homme d’affaires dans le domaine des transports. Vous avez géré une entreprise. Vous saviez très bien que l’économie des îles que votre compagnie reliait et continue toujours de relier dépendait de sa fiabilité. Vous étiez un entrepreneur du secteur privé qui avait pour priorité la satisfaction des touristes (votre clientèle) et, en même temps, un souci du dynamisme des acteurs de l’hôtellerie et du tourisme de ces îles dont le lien aérien que vous gériez garantissait l’épanouissement — de même que de la rentabilité de votre entreprise.

Alors pourquoi, Monsieur le Premier Ministre, votre gouvernement laisse-t-il se dégrader les négociations entre la STQ et les travailleurs de l’unique lien entre notre île et le continent ? Pourquoi, alors que la convention collective des officiers de la STQ est échue depuis le 31 mars 2023, sa direction générale ne négocie-t-elle pas de bonne foi pour éviter de telles catastrophes économiques et sociales à répétition ?

La réponse à ces questions est simple, Monsieur le Premier Ministre : à notre connaissance, le Conseil du trésor n’a donné aucun mandat, aucune marge de manoeuvre, aucun budget à la Société des traversiers du Québec. Or, comme le vice-président aux finances relève du p.-d.g. dans une entreprise de transport, la présidente du Conseil du trésor relève du premier ministre. L’homme d’affaires que vous étiez se souvient-il d’à quel point la qualité des relations de travail d’un transporteur est un élément clé en matière de confiance des clients, un élément qui est pris en considération dans le choix de leur destination de vacances ?

Monsieur le Premier Ministre, sans votre appui, sans votre accord, ce dossier de relations de travail n’avancera pas. Votre soutien à l’économie de nos régions est aussi fondamental que celui d’un transporteur aérien pour les îles éloignées des Antilles qu’il relie.

Nous attendons de l’homme d’affaires que vous étiez qu’il mesure à quel point la fiabilité du lien entre L’Isle-aux-Coudres et le continent est une question fondamentale pour nous. Qu’il mesure à quel point les services de la STQ sont des éléments stratégiques (et sans véritable option de rechange) du dynamisme de notre économie, de la survie de nos entreprises, de la création d’emplois qui en découle et, ultimement, de l’épanouissement de nos communautés.

Dans l’attente d’une vraie solution rapide à ce conflit de travail, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Premier Ministre, l’expression de notre plus haute considération.

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