Hong Kong annule les passeports de six militants pro-démocratie «en fuite»
Le gouvernement de Hong Kong a annoncé mercredi l’annulation des passeports de six militants prodémocratie ayant « pris la fuite » au Royaume-Uni pour échapper à la répression de la dissidence dans le territoire chinois, les qualifiant de « criminels sans foi ni loi ».
L’année dernière, l’exécutif hongkongais avait mis à prix les têtes de 13 militants prodémocratie réfugiés à l’étranger, en les accusant d’infractions à la loi drastique sur la sécurité nationale. Une récompense d’un million de dollars hongkongais (119 000 euros) est offerte pour la capture de chacun d’eux.
« Ils continuent à se livrer ouvertement à des activités qui menacent la sécurité nationale […] Nous avons donc pris des mesures pour leur porter un coup sévère », a déclaré mardi un porte-parole du gouvernement dans un communiqué, citant notamment « l’annulation » de leurs passeports émis par Hong Kong.
Parmi les six militants concernés figurent : Nathan Law, une des figures de proue du mouvement prodémocratie et ancien élu au sein du Conseil législatif du centre financier, le syndicaliste chevronné Mung Siu-tat et les activistes Simon Cheng, Finn Lau, Fok Ka-chi et Choi Ming-da.
Pour justifier cette mesures, les autorités de Hong Kong ont invoqué la deuxième loi sur la sécurité nationale entrée en vigueur en mars, qui découle de l’article 23 de la « Basic Law », la mini Constitution de Hong Kong, obligeant depuis 1997 les autorités locales à adopter une loi protégeant sa sécurité nationale.
« Acte de répression transnationale »
Finn Lau a expliqué n’avoir jamais été titulaire d’un passeport britannique d’outre-mer (BNO, « British National Overseas »), délivré aux Hongkongais nés avant la rétrocession de la colonie à la Chine en 1997.
« Il est ridicule d’annuler quelque chose qui n’a jamais existé », a-t-il déclaré dans un communiqué publié sur le réseau social X.
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Déterminé à continuer « à défendre les droits humains et la démocratie », il estime qu’« un tel recours à l’ordonnance de l’article 23 […] est un acte explicite de répression transnationale et une autre violation de la déclaration conjointe sino-britannique ».
Signée en 1984, elle garantit à Hong Kong un degré élevé d’autonomie « au moins jusqu’en 2047 ».
Nathan Law a qualifié cette mesure de « superflue » puisqu’il a obtenu l’asile en Grande-Bretagne en 2021.
« Quant aux autres mesures prises en vertu (de la loi sur la sécurité nationale), si elles suscitent des inquiétudes chez des amis à Hong Kong, veuillez faire passer votre sécurité personnelle en premier », a écrit M. Law sur Facebook.
« Poursuivis à vie »
Le chef de l’exécutif, John Lee — sanctionné par les États-Unis pour son rôle en tant que responsable de la sécurité en 2019 — a déclaré que les militants recherchés seraient « poursuivis à vie » et les a appelés à se rendre.
Les autorités ont précisé que toute personne mettant à disposition des fonds, louant un bien ou gérant une entreprise avec ces militants sont passibles de sept ans d’emprisonnement.
Les six personnes nommées mercredi ont été accusées de collusion avec l’étranger, incitation à la sécession et à la subversion, des délits qui enfreignent la loi sur la sécurité nationale et sont passibles de la détention à perpétuité.
Cette annonce survient au moment du cinquième anniversaire des immenses manifestations, parfois violentes, du mouvement prodémocratie qui ont débuté au printemps 2019.
En juin 2020, Pékin a imposé une première loi sur la sécurité nationale pour réprimer le mouvement et museler toute dissidence. Ce texte a fait tomber le bouclier juridique en vigueur à Hong Kong, un territoire autrefois semi-autonome, permettant de demander des comptes, à travers le monde entier, aux personnes accusées.
En décembre, Hong Kong a ajouté cinq militants à la liste des personnes recherchées, provoquant notamment la colère des États-Unis et de la Grande-Bretagne où se sont réfugiés certains d’entre eux.
« C’est une menace pour notre démocratie et nos droits humains fondamentaux », avait déclaré le chef de la diplomatie britannique David Cameron.