À grappiller pendant qu’il en reste
Collaboration spéciale
Ce texte fait partie du cahier spécial Plaisirs
Quelques vins à dénicher et à déguster avant qu’ils ne disparaissent des tablettes.
Chianti 2023, Tenuta Poggiotondo, Toscane, Italie (17,85 $ – 15106633)
Ce chianti est aussi régalant et festif qu’une sucette dévorée par un bambin. Rien de compliqué, mais le charme y est, comme s’il y avait ici une volonté de ratisser large en faisant aimer le sangiovese au plus grand nombre. C’est bio, net, frais, croquant et savoureux. Surtout à ce prix (5) **1/2
Le Régal Rosé 2023, Le Loup Blanc, Languedoc, France (21,50 $ – 12883429)
On ne présente plus Alain Rochard. Un passionné et un vigneron très pointu sur le plan de la qualité. Tous ses vins bios ont du caractère et parlent — sans s’égarer dans la traduction — de l’endroit qui les a vus naître. Cette cuvée essentiellement à base de grenache noir livre sa trame fruitée et épicée avec fraîcheur, mais aussi avec puissance et vinosité. Le couscous aux légumes et merguez lui conviendra parfaitement. (5) ***
Padrillos 2020, Pinot noir, Argentine (17,95 $ – 13425956)
Tout à fait cohérent et délectable que ce pinot noir flirtant avec ses notes de tabac vert, de fumée et d’épices résumées sur une bouche souple, bien fraîche et ponctuée de légers tanins. À servir frais sur quelques pâtés de campagne et autres saucisses douces grillées. (5) **1/2
Pinot noir 2022, Vignoble Guillaume, Franche-Comté, France (23,85 $ – 11556311)
Je cause en ces lignes depuis plusieurs années déjà de cette maison aussi fiable qu’elle nous livre des pinots noirs exemplaires, bien fournis et fort juteux, à petit prix. Si la cuvée vieilles vignes (30,50 $ – 13471549) est elle-même incontournable, celle-ci régale avec franchise, légèreté et un joli volume fruité, à la fois bien mûr et doté de légers tanins. La Romanée Conti, c’est bien, mais ce rouge ne l’est pas moins pour autant. (5) ***
Mâcon-Péronne 2022, Domaine du Mont Épin, Signatures Martin, Bourgogne, France (24,50 $ – 13620815)
Richard et Stéphane Martin tiennent bec et ongle à nous faire déguster du bon bourgogne à un prix décent. Et cela reste rare ! Leur chardonnay bio en témoigne avec une vivacité qui fait beau à boire, en rehaussant un fruité citronné bien mûr dont l’éclat perdure longuement. C’est net et admirablement bien vinifié. Bravo ! (5) ***
Glenelly Estate Reserve 2016, Stellenbosch, Afrique du Sud (24,70 $ – 11605785)
Cette cuvée multicépages, bien qu’à son apogée, pourra tenir encore quelques années. Elle se nuance déjà par ses flaveurs chaudes et puissantes où cuir, tabac frais, cassis, écorces, épices et sous-bois fusionnent sur un ensemble riche et peu acide, d’une appréciable profondeur. Un rouge d’étoffes souples et de grand soir, à servir sur un braisé où abondent les champignons. (5) © ***
Morgon « Corcelette » 2019, Château des Jacques, Louis Jadot, Beaujolais, France (27,95 $ – 13863817)
Morgon, un nom, une figure imposée parmi les 10 terroirs viticoles dont s’enorgueillit le Beaujolais lorsqu’il cause de ses crus. Morgon a de l’étoffe comme Moulin-à-Vent, mais avec tout le moelleux d’un fruité exalté par cette tension particulière du terroir. À la fois rond et tendu, quoi ! Ce Corcelette a le charme en plus, ce « tanin de texture » particulier, alliant richesse et rigueur. La profondeur creuse déjà son sillon vers des nuances de pinot noir. Une histoire à suivre. (5 +) © ***1/2
Lindes de Remelluri 2020, Vinedos de Labastida, Rioja, Espagne (33 $ – 15306791)
Beaucoup, beaucoup de vin avec cet assemblage où le sangiovese domine. Une couleur profonde et encore toute jeune avec des arômes déjà diversifiés. De la rose, de la mûre, du cassis et une pointe de fumée sur un ensemble bien structuré qui commande avant tout quelques plats carnés forts roboratifs. Un mélange d’innovation et de tradition, mais surtout un rouge intègre, fort bien équilibré. (5 +) © ***1/2
Côte de Brouilly 2021, Alex Foillard, Beaujolais, France (44 $ – 14786171)
La signature s’inscrit dans celle du paternel Jean, comme si la génétique humaine prolongeait celle du terroir dont la famille possède une expertise, mais surtout un regard fort aiguisé. Voilà un rouge naturel qui ne se pète pas les bretelles. Il est, par son intégrité aromatique qui allie floral et minéral et sa bouche toute en texture, ronde et tendrement « matelassée », comme si l’on posait la tête sur un oreiller déjà rempli de rêves avant la sieste. Alex compte assurément parmi les pointures fines de l’appellation bien que l’homme soit encore tout jeune. Attendez la suite ! (5 +) © ***1/2
Gigondas 2020, E. Guigal, Rhône, France (44,25 $ – 15182126)
La célèbre maison rhodanienne nous invite à la table d’un classique où le civet de lièvre attend patiemment de détaler dans la bonne direction. Rien d’appuyé, mais un mélange de richesse fruitée, de structure et d’élégance, avec cette touche boisée et épicée typique des élevages de la maison. Un rouge plein, vineux, aux tanins bien nourris. Deux bonnes heures de carafe s’imposent. (5 +) © ***1/2
Château Petit Mayne 2020, Pomerol, Bordeaux, France (49,50 $ – 494005)
Ils sont rares, les Pomerols à moins de 50 $. D’autant plus que ce millésime 2020 lui déroule tout un tapis rouge de tanins bien frais dont la texture serrante enchante et prolonge longuement la finale. Rose, cerise et framboise se frottent aux notes empyreumatiques de la barrique pour ajouter à la profondeur. Un vin encore très jeune. Une dizaine d’années de cave l’ennoblira plus encore. (10 +) © ****
Riesling « Graben » 2021 Grossus Gewächs, Selbach Oster, Mosel, Allemagne (50,25 $ – 15273909)
C’est tout en nuances, sans tambour ni trompette, que ce riesling de cru d’une vertigineuse acidité « affronte » les quelques petits grammes de sucre résiduels participant à son équilibre d’ensemble. Oui, il y a du mordant et, oui, c’est passablement sec. Les nuances de tilleul et de zeste de citron confit relèvent une bouche verticale, d’une amertume toute cristalline. Quant à la longueur en bouche, elle démontre que nous sommes effectivement au niveau d’un grand cru. (10 +) ****
Vigorello 2019, San Felice, Toscane, Italie (76,25 $ – 858373)
La fin des années 1960 voyait naître en Toscane des assemblages différents des cuvées où sangiovese, mammolo, canaiolo et autre malvasia bianca s’affichaient dans les vins depuis des lustres. Le fameux Tignanello voyait le jour dans la foulée de cette cuvée où cabernet, merlot, pugnitello et petit-verdot se démarquaient pour leur étonnante vigueur fruitée. Beaucoup de couleur et d’intensité, ici, au fruité profond, bien cadré par l’élevage. On mâche encore et encore tout en glissant tout doucement sur la texture suave d’un bon risotto aux porcinis. Un vin de soir et de gastronomie. Un super toscan classique. (10 +) © ****
Cette chronique est la dernière de Jean Aubry dans nos pages, et Le Devoir tient à le remercier chaleureusement pour ces longues années de fidèle collaboration, tant à la rédaction qu’aux cahiers spéciaux. Pour continuer à profiter de ses intuitions, de ses conseils et de ses réflexions autour du vin, et pour retrouver ses sélections, rendez-vous sur son blogue Du vin dans l’encrier. Votre cahier Plaisirs continuera par ailleurs dès le week-end prochain à vous présenter des contenus sur les vins et les autres boissons alcoolisées, dans des formats différents.
Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.