À grappiller pendant qu’il en reste

Ce texte fait partie du cahier spécial Plaisirs

Quelques vins à dénicher et à déguster avant qu’ils ne disparaissent des tablettes.

Morgon « Côte du Py » 2020, Laurent Guillet, Beaujolais, France (23,40 $ — 13841571)

À ce prix, déjà, l’affaire est dans le sac ! Surtout dans ce millésime opulent dont la richesse du fruité vous gagne et vous happe au passage, vous taxant d’un bonheur dont vous ne vous doutiez pas un instant être capable d’encaisser. De jolies nuances florales, un rien épicées, à peine animales et soutenues en bouche par une sève consistante, bien fraîche, un brin serrante sur la finale. Mon conseil, allez, trois flacons pour la cave, dont un pour votre prochaine grillade. (5+) © ***

Assemblage 2018, Weingut Frey, Allemagne (29,55 $ — 15268958)

Les frères Frey nous régalent avec cet assemblage bio de merlot et de cabernet sauvignon dont on est forcé de constater la pertinence et l’harmonie. J’ai bien évidemment piégé à l’aveugle mon ami Jean, qui lorgnait pour sa part du côté de Bordeaux. Mais comment lui en vouloir ? On y perçoit un rouge complet, de haute maturité, mais sans fléchir sur le plan de l’acidité. Une évolution à peine tertiaire où le cassis, la fumée, le mousseron et l’écorce pointent le nez sur une bouche ronde et moelleuse, nourrie de tanins mûrs et abondants. De la profondeur et de la longueur. Étonnant ! (5) ***1/2 ©

Pierre Blanche 2020, Domaine Bellegarde, Jurançon, France (30,50 $ — 15258733)

Petit et gros manseng se sont visiblement enrichis des faveurs du millésime solaire et d’un séjour conséquent sur lies fines. C’est ce que suggèrent les arômes lactiques de crème pâtissière et de tarte aux pommes, dont on souhaiterait rapidement une deuxième pointe tant les flaveurs du vin séduisent et intriguent. Un blanc sec, à la fois ample, de bon volume, peu acide et de belle longueur. Je vois bien les ris de veau à la crème le sublimer un peu plus. (5) ***1/2 ©

Gevrey-Chambertin « Aux Corvées » 2020, Henri Rebourseau, Bourgogne, France (92 $ — 14831711)

Il restait, à des prix — disons être en deçà de celui d’un billet d’avion pour aller sur place en Bourgogne pour le boire — cette autre cuvée « La Brunelle ». Elle se trouvait à la succursale SAQ Sélection De la Montagne, mais en toute petite quantité seulement. Toutes deux valent le détour ! Ce millésime concentre le fruit en s’imposant royalement, au nez comme en bouche, sans dévier de sa trajectoire. Tout y est, oui, sans avoir toutefois ouvert son plein registre. Les notes d’élevage (fumées, grillées) se fondent à celles de framboise écrasée, de pain d’épices et de cerise noire, avec un remarquable fondu de tanins à la clef. Un bourgogne au fruité profond tracé avec une grande maîtrise. Il n’y a pas de raison de ne pas se gâter, surtout si vous avez trois autres copains pour assumer les coûts. (5+) **** ©

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