À grappiller pendant qu’il en reste

Jean Aubry
Collaboration spéciale
Photo: Getty Images

Ce texte fait partie du cahier spécial Plaisirs

Quelques vins à dénicher et à déguster avant qu’ils ne disparaissent des tablettes.

Lareale 2019, Lamole di Lamole, Chianti Classico Riserva, Toscane, Italie (29,45 $ — 15243961)

Voilà un sangiovese fort fourni, tant sur le plan des tanins que de la structure et de la texture fruitée qui se veulent de haute tenue. On s’y accroche comme à une bouée de sauvetage, à la différence près que l’on en sort fort ragaillardi, comblé par tant de générosité. L’équilibre y est parfait. Le boisé ventile le tout en jouant de nuances épicées sans entacher le fruité de cerise. Un peu plus et on a l’impression de déguster une version Gran Selezione tant l’idée de profondeur est perceptible. Osso buco ? (5+) ***1/2 ©

Château de la Mar roussette de Savoir, Mareste Le Verney 2018, Savoie, France (29,90 $ — 15137472)

Une première apparition en tablette, à ce qu’il me semble, mais surtout une présence que je souhaiterais renouvelée tant ce blanc sec vinifié avec le cépage altesse étonne par sa complexité et son originalité. Une belle robe avec, derrière, des nuances florales, un rien maltées, épicées, à peine miellées, au goût subtil de sarrasin. Un blanc sec, léger de structure, mais fort évocateur d’esprit. Il est doté d’un romantisme qui vous balance dans une autre époque. C’est un peu comme si l’on s’installait sur le plateau du film La passion de Dodin Bouffant, où la délicatesse des plats rivalise avec l’ambiance du décor champêtre. Une longueur en bouche plus qu’appréciable. (5) **** ©

Certitude 2021, François Villard, Crozes-Hermitage, Rhône, France (37 $ — 12474019)

Le conseiller en vins Jean Côté, de la SAQ Sélection de la Montagne, me tendait ce verre de syrah avec un sourire qui ne portait pas à confusion. Pas de doutes, mais une certitude. François Villard assure avec brio dans ce millésime, en y découpant un fruité enlevant sur le plan tonique comme de la maturité. Un rouge sec et léger, mais diablement enjôleur, aux nuances de violette, d’anis et de menthe fraîche, et pourvu d’une texture souple, presque satinée. Et long en bouche avec ça ! (5+) ***1/2 ©

Ansonica 2022, Formiche Vini, Toscane, Italie (44,50 $ — 15254951)

Les audacieux, c’est-à-dire ceux qui explorent, fouillent et s’offrent de nouvelles avenues en matière de goût, seront aux premières loges avec ce blanc « naturel », composé de raisin et de… beaucoup d’amour. En plus, il y a bien évidemment une maîtrise d’exécution imparable. Mais il y a surtout une occasion de mettre de l’avant l’ansonica, que l’on s’est permis de macérer pour en extraire une robe aux reflets d’or et aux arômes salins de bord de mer. Un blanc sec léger et passablement tonique, nuancé de beaux amers dont l’impression de tannicité allonge substantiellement la finale. Pomme, poire, citron, herbes, tout y est. Ne reste que le bar au fenouil pour le séduire plus encore ! (5+) ***1/2 ©

Viña Bosconia 2012, R. Lopez de Heredia Viña Tondonia S.A., Rioja, Espagne (48,25 $ — 14370272)

Une décennie de bouteille et quelques années de fût permettent au tempranillo de développer, sous une oxydation ménagée, une palette de flaveurs. Tout le reste n’est qu’équilibre entre la présence fruitée bien accrochée et les subtilités du tertiaire, encore et toujours stimulées par une acidité qui l’ouvre sur une magnifique queue de paon en finale. Cerise noire, cèdre, cuir, cigare, girofle et santal se relancent mutuellement, longuement. Prévoir une escalope de veau forestière grillée pour lui soutirer ses dernières confidences. (5) **** ©

Chianti Classico Riserva Il Poggiale 2021, Castellare, Toscane, Italie (69,75 $ — 15336252)

Quelle impétueuse jeunesse, ici ! Un vin bichonné dans les hauteurs (plus de 500 mètres) sur de beaux calcaires (le galestro local) et « éduqué » au chai. On ne ménage rien pour le guider dans l’expression de ce cru qui fait l’orgueil de la maison. Il y a, d’une part, ce fruité dense et tendu, et, de l’autre, un alignement discret de nuances profondes et détaillées dont on se doute bien qu’elles seront plus soutenues dans les années à venir. Santal, rose fanée et notes framboisées, mais, surtout, magnifiques tanins fermes, au velouté insistant, sans la moindre aspérité. Racé en tout point ! (10+) ****1/2 ©

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