Les Montréalais devront se convertir au bac bleu

Montréal s’attend à économiser plus de 20 millions de dollars par année avec la réforme de la gestion des matières recyclables, qui relèvera, à compter du 1er janvier 2025, des producteurs d’emballage. Dans la foulée d’une entente conclue entre la Ville de Montréal et Éco Entreprises Québec (ÉEQ), les Montréalais seront appelés à délaisser les bacs verts et les sacs de plastique pour des bacs bleus.

L’entente approuvée mercredi matin par le comité exécutif de la Ville de Montréal prévoit qu’à compter de l’an prochain, ÉEQ, qui regroupe 2300 membres, assumera la totalité des coûts de la collecte et du transport des matières recyclables, qu’il s’agisse de contenants, d’emballages ou d’imprimés.

« C’est un tournant majeur vers un changement de paradigme du système de recyclage, non seulement à Montréal, mais partout au Québec », a commenté la responsable de l’environnement et de la transition écologique au comité exécutif de Montréal, Marie-Andrée Mauger. « On va passer d’un régime de compensation de la part des producteurs d’emballage à une responsabilité élargie. »

Ainsi, alors que jusqu’à maintenant, la Ville obtenait une compensation équivalant à 71 % des coûts du recyclage de la part des producteurs d’emballages, la contribution d’ÉEQ, l’organisme désigné pour gérer la collecte sélective sur l’ensemble du territoire québécois, couvrira la totalité des frais encourus. Cela fait dire à la Ville de Montréal qu’elle pourra dégager des économies d’au moins 20 millions de dollars par année à compter du 1er janvier 2025.

Adieu, bacs verts et sacs

ÉEQ sera aussi responsable de la gestion des centres de recyclage. Ainsi, l’organisme a pris la responsabilité, avec GFL Matrec, les travaux de construction du futur centre de tri des matières recyclables de l’est de l’île de Montréal. De son côté, la Ville fermera son centre de tri de Saint-Michel le 30 septembre 2024 et devra élaborer un plan de transition en attendant la mise en service du nouveau centre de tri le 1er janvier 2025.

L’implantation du nouveau système entraînera certains changements en ce qui a trait aux outils de collecte afin de permettre une uniformisation à l’échelle du Québec. Ainsi, le bac montréalais de 67 litres, de couleur grise avec un couvercle vert, sera progressivement remplacé par un bac bleu. « Le passage du bac vert au bac bleu se fera au fur et à mesure que les bacs verts atteignent leur fin de vie », a précisé Mme Mauger. « Donc, on en a encore certainement pour une décennie à voir du vert dans ces bacs. »

Quant aux Montréalais qui utilisent des sacs de recyclage, notamment dans des secteurs du Plateau-Mont-Royal, de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension et de Verdun, ils devront eux aussi se convertir aux bacs bleus.

Réduire le suremballage

Québec avait annoncé en 2020 une modernisation du système de collecte sélective fondée sur le principe de responsabilité élargie des producteurs afin qu’ils soient responsables de leurs produits du début à la fin du cycle de vie.

Le nouveau système fixe des cibles de recyclage et impose des obligations de performance, rappelle Marie-Andrée Mauger. « Ça va amener en amont des incitatifs à l’écoconception, pour qu’on puisse voir facilement que les contenants sont recyclables et faciliter leur valorisation locale », avance l’élue. « Ce sont des changements qui apportent beaucoup d’espoir et qui vont permettre de rebâtir une confiance dans le système de recyclage et améliorer la participation. »

À terme, ÉEQ souhaite inciter l’industrie à réduire le suremballage et la forcer à utiliser des matières qui peuvent être véritablement recyclées.

« C’est une bonne chose. Les producteurs doivent être responsables des biens qu’ils mettent en marché », estime Karel Ménard, directeur général du Front commun québécois pour une gestion écologique des déchets. « Ils vont avoir la responsabilité légale, financière et administrative de cette filière. Et c’est une bonne chose pour les municipalités, car ce ne sont pas elles qui sont responsables des contenants qui sont mis en marché. »

Selon lui, ÉEQ semble prendre son rôle au sérieux. L’organisme a d’ailleurs lancé lundi une campagne afin de sensibiliser les citoyens à l’importance de ne pas mettre dans leur bac des objets non recyclables (des jouets en plastique, des pots de peinture ou des couches, par exemple).

En parallèle à cette réforme du recyclage, Québec a aussi instauré une consigne élargie pour les contenants de verre, de plastique et de métal.

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