Les entreprises financeront «indirectement» les grands chantiers d’Hydro-Québec

Du côté des entreprises, « il faut penser que les tarifs doivent suivre » pour que le déficit n’augmente pas.
Photo: Karoline Boucher La Presse canadienne Du côté des entreprises, « il faut penser que les tarifs doivent suivre » pour que le déficit n’augmente pas.

Les entreprises installées au Québec financeront la transition énergétique par le biais d’une hausse des tarifs d’électricité, a affirmé vendredi le premier ministre, François Legault, en dressant le bilan d’une session parlementaire menée sous le signe de la discipline.

Voyant venir un « boom économique » avec les projets d’Hydro-Québec, le chef du gouvernement entend appeler les entreprises à davantage contribuer financièrement.

« L’explosion des investissements » de la part d’entreprises « en attente d’électricité » permettra de « relancer les grands chantiers chez Hydro-Québec », s’est félicité M. Legault. « Et ça va être payé, financé indirectement par les entreprises. »

Il a plus tard rappelé que les entreprises payent « au Québec parmi les tarifs les plus bas en Amérique du Nord ». Vu l’explosion des coûts et l’arrivée de nouveaux ouvrages, « il faut penser que les tarifs doivent suivre », a-t-il souligné. « Sinon, on augmenterait le déficit du gouvernement du Québec en réduisant le bénéfice d’Hydro-Québec. »

M. Legault a en revanche déclaré qu’il ne comptait pas laisser passer une hausse des tarifs résidentiels qui dépasserait les 3 %, « même après » la campagne électorale de 2026. Le plan d’action d’Hydro-Québec, échelonné jusqu’en 2035, table sur de telles hausses. La réforme présentée jeudi par le ministre de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, vise cependant à donner à la Régie de l’énergie le pouvoir de moduler les tarifs dès 2026 pour diminuer la consommation d’électricité en période de pointe.

Des controverses à la discipline

À pareille date l’an dernier, le chef de la Coalition avenir Québec marquait d’un point d’orgue une session parlementaire mouvementée, annonciatrice du dépassement qu’allait faire à l’automne le Parti québécois, pour se glisser en première place des sondages sur les intentions de vote. En décembre, M. Legault disait souhaiter que 2024 soit « une des meilleures » années de son gouvernement.

Pour couper court à un pénible début de session, marqué par les controverses autour des cocktails de financement de la CAQ, le premier ministre s’est imposé une cure médiatique. Dans les couloirs de l’Assemblée nationale, il a multiplié les « bonne journée tout le monde » et a affiché, le plus souvent, un sourire « discipliné » en guise de réponse aux questions des journalistes. Résultat : « Je pense qu’on a réussi quand même à se concentrer plus sur nos priorités », s’est-il félicité vendredi. « C’est sûr que j’ai évité des distractions sur des sujets secondaires pour me concentrer sur nos priorités et je pense que c’est ce que je dois faire », a-t-il aussi affirmé.

Mission immigration

Le chef caquiste a, aussi, tenté de sensibiliser les Québécois à « l’urgence d’agir » pour freiner l’arrivée d’immigrants temporaires au Québec. Il doit d’ailleurs rencontrer lundi le premier ministre canadien, Justin Trudeau, pour discuter d’immigration.

Il s’agit d’une étape d’un « processus continuel » dont la finalité pourrait — « peut-être » — prendre la forme d’un appui à un parti lors de la prochaine élection fédérale, a encore averti M. Legault. « Je pense que c’est consensuel au Québec : ça n’a plus de bon sens les empiétements du gouvernement fédéral. Ça n’a plus de bon sens, le nombre d’immigrants temporaires qu’a acceptés M. Trudeau », a-t-il lancé. Qu’arrivera-t-il s’il sort insatisfait de sa rencontre avec son homologue lundi ? « Je vous invite à me reposer cette question dès lundi soir », a répondu M. Legault. En parallèle, il a annoncé vendredi la mise sur pied d’un comité pour accroître l’autonomie du Québec au sein du Canada.

En vue de l’automne et pendant que flottent déjà des rumeurs de remaniement, le premier ministre s’est dit « satisfait de l’équipe » qu’il a. Lui-même entend briguer un troisième mandat « majoritaire » en 2026. « Je suis en pleine forme », a-t-il répliqué au chef libéral intérimaire, Marc Tanguay, qui lui reprochait d’avoir « l’air fatigué ».

Avec François Carabin

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