«A Family Affair»: Nicole Kidman mérite mieux
Actrice caméléon, Nicole Kidman est assurément l’une des interprètes les plus douées de sa génération. To Die For (Prête à tout), de Gus Van Sant, Eyes Wide Shut (Les yeux grands fermés), de Stanley Kubrick, Moulin Rouge !, de Baz Luhrmann, The Hours (Les heures), de Stephen Daldry, Dogville, de Lars von Trier, Birth (La naissance), de Jonathan Glazer, The Killing of a Sacred Deer (La mise à mort du cerf sacré), de Yórgos Lánthimos, la série Big Little Lies, du regretté Jean-Marc Vallée : sa feuille de route regorge de productions fortes, rehaussées par le brio de son jeu. Semblant avoir été assemblée à la va-vite, la comédie romantique A Family Affair (Les dessous de la famille) n’est, hélas, pas de cet ordre-là.
En effet, cette nouveauté est plutôt à ranger aux côtés de Bewitched (Ma sorcière bien-aimée) et autre remake de Stepford Wives (Les femmes de Stepford).
Le film conte les tourments professionnels et personnels de Zara, qui est l’assistante de Chris, homme un peu benêt et star de cinéma comme il se doit névrosée et narcissique. Quoiqu’en la matière, Zara n’est pas en reste, son propre égocentrisme devenant le principal moteur dramatique en seconde partie du film.
Lequel égocentrisme est titillé lorsque Brooke, la mère veuve de Zara, entame une liaison passionnée avec Chris, qui est d’environ vingt ans son cadet. Effarée, Zara insiste pour que cesse la chose.
Ici, on notera une parenté avec une autre comédie romantique récente, The Idea of You (L’idée d’être avec toi), avec dans celle-là Anne Hathaway en femme éprise d’un homme plus jeune, au grand dam de sa fille encore une fois.
En toute justice, le scénario de A Family Affair, écrit par Carrie Solomon (son premier long métrage), contient de bonnes répliques, surtout lors des échanges entre Nicole Kidman et Kathy Bates (en belle-mère confidente). Le refus ultime de Brooke de sacrifier son bonheur au nom des objections de sa fille est en outre rafraîchissant.
Kidman et Bates sont par ailleurs très bien toutes les deux, comme à leur habitude.
Réalisation absente
Tel n’est pas le cas de Joey King (la trilogie romantique The Kissing Booth ; Bullet Train/Train à très grande vitesse), qui joue parfois juste, mais parfois trop gros : le contraste est apparent lors de ses scènes avec Nicole Kidman. Idem pour Zack Efron (Firestarter/Charlie ; The Greatest Beer Run Ever ; The Iron Claw/La griffe de fer), qui ne dégage pas grand-chose en vedette hollywoodienne, et qui a l’air de jouer des personnages différents selon qu’il se trouve avec l’une ou l’autre de ses covedettes. Et entre Kidman et lui, il y a zéro feu d’artifice.
La réalisation de Richard LaGravenese est quant à elle inexistante. Pour mémoire, LaGravenese débuta dans l’industrie en tant que scénariste remarqué des films The Fisher King (Le roi pêcheur) et The Bridges of Madison County (Sur la route de Madison), notamment, avant de démontrer du potentiel comme réalisateur avec la comédie dramatique Living Out Loud (Bonjour la vie). Des promesses non tenues par la suite.
Dans A Family Affair, autant les positionnements que les mouvements de caméra semblent complètement aléatoires — il arrive qu’on en reste pantois. Visuellement, tout est artificiel. Constat révélateur : à un moment, Chris entraîne Brooke pour une visite intime d’un décor de cinéma imitant New York. Or, le reste du temps, les lieux censés être « réels » paraissent tout aussi factices.
Bref, dans ce malheureux A Family Affair, on ne croit à rien, sinon au talent de Nicole Kidman, qui méritait mieux.