Intégrer le design écoresponsable chez soi

Ce texte fait partie du cahier spécial Plaisirs

Impossible de déménager dans plus grand ? Bien que la réalité du marché immobilier donne des cheveux blancs à plusieurs d’entre nous actuellement, elle peut nous pousser à penser autrement nos espaces de vie. Et par le fait même, à faire la part belle à des considérations propres au développement durable. Entretien à ce sujet avec trois grands designers : Mara Costachescu, Jean-François Rivet et Lucie Roy, tous membres du jury de la 10^e édition des Prix Habitat Design, dont les lauréats seront annoncés le 15 novembre.

La crise du logement ne touche pas que le locatif. L’impact se fait sentir du côté des acheteurs également. La vigueur du marché à la sortie de la pandémie puis la hausse des taux d’intérêt ont contraint bien des acheteurs potentiels à revoir leur projet et à décider de rénover plutôt que de déménager.

« On a des rêves, on veut agrandir la famille ou s’installer adéquatement pour le télétravail, donne comme exemples Mara Costachescu, qui a fondé Mara Design il y a une quinzaine d’années. Aujourd’hui, au lieu de vendre, on repense son espace. Il y a tellement de choses qu’on peut faire, comme adapter le rangement, donner une deuxième vie à une pièce en lui donnant plusieurs fonctions ou encore rendre le pied carré modulaire. »

Par exemple, on peut choisir de mettre deux enfants dans une même chambre en leur créant des espaces distincts, ou transformer un mur en un espace de rangement accessible des deux côtés. On peut aussi combiner les fonctions de bureau et de chambre d’invités ou encore adapter davantage son milieu de vie à sa réalité en donnant une double fonction à la chambre d’un enfant dont on a la garde partagée.

Pour la designer, qui souligne l’engouement pour les minimaisons et les petits espaces optimisés, il ne fait aucun doute qu’il faut se questionner sur notre besoin d’habiter une très grande maison où chaque pièce est vouée à une seule fonction. « Les gens sont de plus en plus ouverts à habiter des espaces plus petits, plus faciles à entretenir et à chauffer. Sans oublier qu’on diminue notre impact environnemental en choisissant de vivre dans plus petit », rappelle Mara Costachescu.

Redéfinir les standards

« Il est impensable, en 2023, de dire qu’on fait un projet de design sans penser au développement durable », affirme de son côté Jean-François Rivet, designer associé et cofondateur de Passé Présent Design Durable, un bureau de design écoresponsable créé à Montréal en 2019. Qu’il s’agisse d’adopter de nouvelles normes, comme un éclairage à DEL, des installations de plomberie à débit réduit, des matériaux à faible empreinte environnementale, ou encore d’acheter auprès de fournisseurs locaux, les clients ont accès à de plus en plus de solutions durables.

Le designer prône aussi le respect du bâti, même s’il n’est pas patrimonial, pour intégrer des valeurs durables dans les projets de rénovation. « Qu’est-ce qu’on peut conserver dans l’aménagement ? Peut-on récupérer une porte ou une fenêtre, trouver un nouvel usage à un appareil d’éclairage ? Conserver une cloison ou réutiliser le mobilier en lui donnant une deuxième vie ? Avec les délais d’approvisionnement qui sont longs, ça permet de gagner du temps et d’économiser. »

Travailler avec de l’existant impose plusieurs contraintes aux designers. Mais de la contrainte peuvent naître de grandes choses. « Ça nous force à être plus créatifs, affirme pour sa part la designer Lucie Roy, qui cumule trente ans d’expérience dans le domaine. Ça apporte beaucoup plus de défis que d’avoir carte blanche. »

La designer dit s’inspirer beaucoup de la nature qui l’entoure pour créer des espaces ouverts, lumineux et fluides. Elle ajoute que, depuis ses débuts, elle accorde une importance capitale au choix des matériaux : quel est l’impact environnemental d’un revêtement de plancher ou d’un comptoir de cuisine par rapport à un autre ? « Il faut répéter que les choix durables peuvent aussi être abordables », conclut-elle.

Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.