Le hall qui change tout
Collaboration spéciale
Ce texte fait partie du cahier spécial Plaisirs
Il existe surtout dans les chalets et les résidences secondaires et fait rêver ceux qui occupent des habitations comportant de tout petits halls d’entrée. Le « mudroom », ou hall surdimensionné, fait son chemin de la campagne et de la montagne vers les milieux urbains. Voici une pièce de transition à imaginer, à optimiser et à personnaliser pour transformer l’entrée d’une résidence.
Pour la petite histoire, notons que l’utilisation du terme « mudroom » remonte au moins jusqu’au début du siècle dernier. Chez les travailleurs de la terre, on préférait emprunter une entrée autre que la porte principale, pour éviter de salir la maison. Ce deuxième accès permettait de retirer les bottes souillées de boue et de retirer quelques vêtements salis, d’où l’appellation « mudroom » en anglais. Cet espace était également très populaire au rez-de-chaussée ou au rez-de-jardin des résidences à la montagne. En hiver, c’est là qu’on déposait les bottes couvertes de neige, les vêtements mouillés et les accessoires de sport de glisse.
Aujourd’hui, en milieu urbain, certains n’hésitent pas à utiliser le mot « mudroom » pour illustrer le côté fonctionnel de cet espace optimisé, malgré les dimensions nettement plus petites que leur équivalent en montagne. D’autres préfèrent le terme « hall d’entrée ». Et plus il y a d’occupants dans la maison, plus l’optimisation de cet espace est importante.
Le hall réinventé
Les entrées typiques des appartements tout en longueur (comme ceux de Montréal ou de Québec) ne laissent pas beaucoup de place à l’imagination. À une époque, l’entrée d’une demeure avait plus une fonction de sas thermique que de réel hall d’entrée, explique Marc-Olivier Champagne-Thomas, architecte associé chez Appareil Architecture. « Les appartements étant petits, on devait optimiser le pied carré et minimiser l’impact d’un hall sur les pièces adjacentes. Le lot de 25 pieds montréalais standard permettait souvent de faire une pièce d’environ 11 pieds nets d’un côté, un corridor de 4 pieds nets et une pièce de 9 pieds nets de l’autre côté. Le sas ne devait donc pas amputer l’espace d’une chambre ou d’un salon trop profondément dans la maison. Également, le sas permettait de gérer les pertes thermiques entre l’intérieur et l’extérieur. »
C’est pourquoi, lorsque c’est possible, on essaie avant tout de récupérer des pieds carrés dans une pièce adjacente, explique la designer Mara Costachescu. « L’espace entre les deux portes est [inutilisable] à cause de la configuration d’ouverture vers l’intérieur. En allant chercher 2 pieds pour agrandir sur un côté, on peut ajouter un banc, des crochets, du rangement en hauteur, prévoir un espace pour les bottes, etc. »
Si ce n’est pas possible de récupérer plus de pieds carrés, la designer suggère de retirer les portes du vestiaire et d’optimiser le rangement jusqu’au plafond, avec des espaces ouverts et d’autres fermés. « Il faut concevoir un espace qui peut contenir tous les articles d’une même saison : gants, tuques, manteaux, foulards, bottes, etc. »
Des matériaux qui font le poids
Au moment de réaménager le hall en s’inspirant du mudroom, il faut prendre en considération la vocation principale de cet espace : faciliter l’entrée et la sortie des occupants de la maison en toute saison. « On doit penser à des matériaux à l’épreuve de l’eau et de l’humidité. Pour le plancher, on va préférer la céramique, l’ardoise ou la pierre, explique Mara Costachescu. Il faut aussi penser à un tapis pour absorber l’excès d’eau. Pour le banc et les tablettes, j’aime beaucoup les matériaux nobles, comme le bois massif. »L’architecte abonde dans ce sens. « Ces lieux sont souvent mouillés et requièrent un matériau durable. Nous suggérons toujours des planchers chauffants dans les mudroom, afin que l’eau s’évapore rapidement. Ça permet également de faire sécher des mitaines mouillées au plancher, par exemple. Avec une famille, c’est pratique. »
En plus des espaces de rangement fermés, il faut aussi prévoir une section ouverte, où l’on peut accrocher des vêtements humides et des sacs. Des bacs ou des tiroirs pour que les adultes comme les plus jeunes puissent y ranger des articles (lunettes de soleil, clés, portefeuille, etc.) ajoutent encore plus de fonctionnalité.
Une première impression réussie
Le hall d’entrée est bien souvent la première pièce de la maison que l’on découvre quand on visite des gens. Cette première impression donne le ton sur ce qui nous attend ensuite. Ce premier contact est important pour les gens qu’on invite, mais il l’est tout autant pour les occupants, qui passent le seuil du logement quotidiennement. « C’est ce qui nous accueille tous les jours, rappelle Mara Costachescu. Plus ce lieu est fonctionnel, plus ce sera agréable d’entrer et de sortir de la maison. Il faut s’attarder à cet espace trop souvent négligé, où chaque chose doit avoir sa place. C’est une pièce qui mérite d’être redécouverte. »
Optimiser ce lieu que l’on traverse plusieurs fois par jour, c’est aussi se simplifier la vie.
Grand espace, pièce de rêve
Si les designers et les architectes ont carte blanche et beaucoup d’espace à utiliser, le mudroom peut alors répondre à sa vocation première, soit servir de transition entre l’extérieur et l’intérieur. « Plusieurs aspects doivent être pris en compte. Il doit y avoir du rangement très varié : des crochets, des bacs, des tablettes, une tringle, un banc, des tiroirs, un espace pour les bottes et les souliers. De plus, dans un mudroom, on a souvent un endroit où mettre les équipements de sport et différents types de manteau selon les saisons », explique Marc-Olivier Champagne-Thomas. Un point d’eau près des mudroom, ou même une salle de lavage, est très pratique pour rendre le lieu encore plus fonctionnel. « L’idéal est aussi de prévoir assez d’espace pour pouvoir y entrer à plusieurs et y retirer nos manteaux et nos bottes en même temps sans que personne ait à attendre à l’extérieur, poursuit-il. Il faut vraiment voir cet espace comme un lieu hyperfonctionnel qui bonifie l’expérience de transition de l’usager entre l’intérieur et l’extérieur, peu importe l’activité qu’il s’apprête à faire. »
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