La mairesse de Chapais démissionne à contrecoeur après un été difficile

La mairesse de Chapais, Isabelle Lessard, démissionne en raison d’un épuisement professionnel.
Mathilde Nadeau La mairesse de Chapais, Isabelle Lessard, démissionne en raison d’un épuisement professionnel.

Quelques mois après un été difficile à gérer des incendies de forêt historiques, la mairesse de Chapais, Isabelle Lessard, se retire en raison d’un épuisement professionnel.

La jeune femme de 23 ans a remis sa démission mercredi et quittera ses fonctions dans quelques jours, après avoir été en arrêt de travail depuis septembre.

Elle tirera sa révérence deux ans après son élection à la tête de la petite ville de 1500 habitants du Nord-du-Québec.

En entrevue avec La Presse canadienne, Mme Lessard a indiqué qu’elle ne se sentait tout simplement pas capable de remplir son mandat, précisant qu’elle était à risque de développer un syndrome de stress post-traumatique.

« Même si j’étais à mon 100 % quand ce serait le temps de revenir au travail, la charge de travail va être énorme parce que je me suis quand même absentée un bout », a-t-elle expliqué au bout du fil.

« Je voyais ça arriver et je me disais : je ne pense pas que je vais avoir réussi à me reconstruire assez forte pour pouvoir affronter, pis retourner et continuer de mener le même train de vie que j’ai mené dans les derniers mois. »

Des incendies éprouvants

L’été dernier a été très essoufflant pour la mairesse. Chapais a été éprouvée par les importants feux de forêt qui ont sévi dans la région. Au début du mois de juin, environ les deux tiers des habitants ont dû quitter pendant plusieurs jours le territoire de la municipalité, chassés par les flammes.

En septembre, Mme Lessard a commencé à se dire que quelque chose n’allait pas : elle dormait mal et elle se sentait constamment stressée. C’est à ce moment qu’elle a dû être placée en arrêt de travail.

La jeune femme dit d’ailleurs avoir éprouvé beaucoup de colère dans les mois précédant sa décision, car ce n’est pas par manque d’intérêt qu’elle quitte son poste.

« J’en voulais un peu à la vie. Je me disais : “Câline, pourquoi il a fallu que ça arrive ces feux-là, ça n’a pas de bon sens” », a-t-elle expliqué.

« Ensuite, de la colère envers moi : “Je n’ai pas été à la hauteur. J’ai pas été assez forte pour passer à travers ça.” »

Elle tient toutefois à assurer que ce n’est pas la dernière fois qu’on la voit dans l’espace public.

« Oui, je quitte deux ans plus tard, mais j’ai encore la vie devant moi, pis ce n’est peut-être pas la fin de la politique pour moi dans ma vie. Je pense que j’ai besoin de prendre un peu de recul. »

Un message aux jeunes

Mme Lessard est au courant qu’elle envoie un message « contradictoire » aux jeunes qui voudraient se lancer en politique, mais elle les encourage tout de même à faire le saut.

« Je suis consciente qu’avec le message que je passe aujourd’hui, c’est pas super alléchant de se lancer en politique », a-t-elle dit en éclatant de rire.

« Je pense qu’il faut juste être conscient de ces batailles-là », a-t-elle ajouté à propos de la santé mentale.

Elle s’inquiète toutefois ouvertement qu’il n’y ait pas de relève pour prendre sa place à la mairie. Mme Lessard avait été élue sans opposition en 2021.

« J’ai hâte de voir qui va me remplacer comme mairesse, a-t-elle confié. Je suis quand même craintive qu’il n’y en ait pas de relève, qu’il n’y en ait pas de gens qui aient envie de s’impliquer, d’autant plus au niveau des jeunes. »

Hommage de l’UMQ

Dans un communiqué, l’Union des municipalités du Québec (UMQ) a tenu à saluer le travail de la jeune femme.

« Isabelle s’est donnée corps et âme pour sa communauté, c’est maintenant à son tour de prendre soin d’elle. Il ne fait aucun doute qu’elle a un brillant avenir devant elle », a déclaré le président de l’UMQ, Martin Damphousse.

« Sa décision nous rappelle avec gravité que les élues et élus municipaux sont avant tout des êtres humains. Les défis et crises auxquels ils font face sont de plus en plus complexes et sont aussi révélateurs de l’importance de leur rôle », a-t-il ajouté.

L’UMQ dit d’ailleurs avoir agi pour accompagner les élus qui font face à des problèmes de santé mentale.

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