Encore plus triste que la performance de Joe Biden
La poussière n’est pas encore tout à fait retombée après ce débat « historique » entre Joe Biden et Donald Trump. Les commentateurs de tout poil n’ont pas cessé de souligner la piètre performance du président, cause de tristesse chez les démocrates, peut-être sujet de railleries chez les trumpistes. Évidemment, il était fort affligeant de voir Biden trébucher, victime de son handicap langagier, de son rhume, de la fatigue imposée par une tâche insensée… et sans doute de son âge. Mais, pour ma part, j’ai trouvé le délire agressif et mensonger de Donald Trump mille fois plus triste à regarder. Passons sur la grossièreté du personnage, sur sa mesquinerie, sur son imbécillité, car après tout, on ne s’attend pas d’un candidat qu’il soit un parangon de vertu ou un Prix Nobel. Mais on doit s’inquiéter de la cruauté annoncée et de sa malhonnêteté assumée, le mensonge, comme le disait Soljenitsyne, étant un élément clé de toute dictature. S’il était affligeant de subir les inepties de Trump, il était tout aussi triste d’entendre les commentateurs parler d’une « forte performance » du candidat républicain au lieu d’en être horrifiés et de dénoncer son discours et son attitude, qui, dans un monde normal, auraient dû le disqualifier à tout jamais. On ne voit donc pas seulement du pauvre monde intoxiqué par le charabia d’une brute, mais aussi des élus supposément responsables et des commentateurs supposément intelligents qui se prosternent devant un monstre charismatique. Un scénario qu’on a déjà vu au XXe siècle, avec celui qui faisait arriver les trains à l’heure ou l’autre qui construisait de belles autoroutes — ça n’a pas donné de très bons résultats.