Une élue dénonce un «climat complètement inapproprié» à l’hôtel de ville de Québec
Le directeur de cabinet du maire Bruno Marchand fait l’objet d’une plainte à la Commission municipale du Québec (CMQ). Une élue de l’opposition reproche à Clément Laberge son inaction présumée face au « climat toxique » qui prévaudrait à l’hôtel de ville. L’administration au pouvoir assure qu’elle « collaborera pleinement » avec la CMQ.
Alicia Despins, une élue de 29 ans du parti Québec d’abord, affirme avoir porté à l’attention du directeur de cabinet, au cours des deux dernières années, « diverses situations de violence, d’agressivité, de harcèlement et, dernièrement, une altercation entre deux élus dans les corridors de l’hôtel de ville » où les deux protagonistes, un élu de l’opposition et un élu du parti au pouvoir, en sont « presque venus aux poings ».
Elle souligne n’avoir pas elle-même assisté à la prise de bec, mais le compte rendu parvenu à ses oreilles par la bouche de témoins directs l’aurait troublé. Elle accuse Clément Laberge d’avoir manqué à « sa responsabilité d’assurer la sécurité des élus, du personnel et de la population » à la mairie malgré ces nombreux signalements.
« Ça ne peut pas continuer », avance la conseillère de Vanier-Duberger à propos du climat à l’hôtel de ville, qu’elle qualifie de « totalement inapproprié. »
Alicia Despins allègue avoir elle-même subi un épisode de « harcèlement » et d’« intimidation » lorsqu’un élu du parti au pouvoir l’a interpellée depuis le stationnement souterrain de l’hôtel de ville jusqu’à son bureau.
« Je ne peux pas dire que je me sens particulièrement en sécurité à l’hôtel de ville, déplore la cadette du conseil municipal. Mes collègues vous le diront : on essaie de ne jamais se promener trop seuls. »
« C’est leur façon d’être »
Son chef, Claude Villeneuve, a poussé les accusations un peu plus loin, évoquant son « impression » qu’une « culture » règne dans l’entourage du maire.
« C’est ça qui est un petit peu vicieux là-dedans : c’est que c’est toujours des petits événements pour lesquels nous tournons la page, nous n’en faisons pas toute une histoire, nous ne faisons pas appel à la police pour ça. À la fin, ce qui en découle, c’est que nous sommes face à une équipe qui […], préférablement quand les caméras ne regardent pas, [va] agir physiquement, par [sa] présence, pour essayer d’intimider un élu, pour essayer de le faire agir autrement, pour essayer d’exercer une contrainte sur lui. »
Le chef de Québec d’abord avance qu’il s’agit d’une manière de procéder. « [Dans] l’équipe du maire, c’est comme ça qu’ils travaillent. C’est leur façon d’être, c’est leur façon d’occuper l’espace public, c’est leur façon d’être dans leur relation avec d’autres acteurs également, pas juste les élus. Donc moi, je pense que ça prendrait une mise au point. »
Par communiqué, le cabinet du maire refuse de commenter la situation tant que le dossier restera ouvert à la CMQ. « Nous prenons acte de cette plainte. M. Laberge collaborera pleinement avec la Commission municipale du Québec dans le processus. Considérant ledit processus, nous n’émettrons pas d’autres commentaires sur celui-ci avant sa conclusion. »
Le Devoir a contacté l’élu de l’opposition qui aurait eu maille à partir avec un collègue du parti au pouvoir dans les corridors de l’hôtel de ville. Celui-ci a refusé de nous donner sa version, indiquant qu’un point de presse, jeudi, permettrait d’éclaircir la situation.