«Synchro»: l’amitié hors-piste

Étienne Galloy et Gabriel de Villers-Matte dans la série «Synchro» d'Edith Jorisch.
Photo: Unis TV Étienne Galloy et Gabriel de Villers-Matte dans la série «Synchro» d'Edith Jorisch.

« Synchro est librement inspirée de la relation que j’ai avec Arnaud et qui dure depuis maintenant 10 ans », explique d’emblée Maxime Lamontagne. Le scénariste, derrière Entre deux draps notamment, confie ainsi porter un nouveau regard sur la vie depuis qu’il a fait la connaissance de son ami. « C’est vraiment une sorte d’amitié que les gens autour de moi ne sont pas habitués à voir et qui devrait être normalisée », ajoute-t-il. La raison ? Arnaud a une déficience intellectuelle.

« Je tenais à raconter une relation entre une personne ayant une déficience intellectuelle et une personne neurotypique de façon décomplexée », souligne Maxime Lamontagne. De fait, la websérie donne de la visibilité à une amitié trop peu considérée en fiction. « On aimerait que le spectateur se dise “pourquoi pas moi !” et fasse un premier pas dans cette direction-là, d’aller vers une relation avec celles et ceux qui ont une déficience intellectuelle », dit-il.

Si le public n’a pas vraiment l’habitude de voir ces protagonistes « pas comme les autres » — on se souvient de Gabrielle de Louise Archambault, de Rain Man de Barry Levinson ou de Gilbert Grape de Lasse Hallström, mais sinon… — dépeints à l’écran, le scénariste veut aller plus loin en dépassant les enjeux de cette condition. « Synchro n’est pas à propos de la trisomie 21 de Zach, mais de sa nouvelle amitié avec Oli », affirme-t-il. Comme nous, ce dernier laisse en effet tomber ses appréhensions pour se placer d’égal à égal avec Zach. Adieu les clichés et les stéréotypes sur la différence.

« On est tellement bien tombés avec Gabriel », se réjouit le scénariste. Gabriel de Villers-Matte incarne donc Zach, un personnage qui lui ressemble comme deux gouttes d’eau puisque Maxime Lamontagne a, à nouveau, calqué la fiction sur la réalité. « On a rencontré Gabriel assez tôt dans le projet et on lui a demandé comment Zach pourrait, en fin de compte, être », précise-t-il. Et de poursuivre : « J’ai trouvé une façon d’inclure Gabriel dans le scénario, entre autres grâce à l’improvisation. » Gabriel, tout comme Zach, pratique le karaté à un haut niveau, par exemple. Un talent certain pour les répliques mordantes, aussi.

Selon Maxime Lamontagne, l’improvisation permet de mettre en lumière « la personnalité rayonnante et le sens de l’humour désarmant » du jeune comédien, plutôt que d’essayer d’écrire des phrases qui pourraient sonner faux dans sa bouche. « Gabriel s’exprime à sa façon et je pense que ça participe à décomplexer la déficience intellectuelle », indique-t-il.

De son côté, la réalisatrice de Synchro, Édith Jorisch, salue une fiction qui n’en est que plus authentique. « Ce que j’ai trouvé super en travaillant avec Maxime, c’est qu’il était conscient de tous les défis du tournage, et l’improvisation nous a tous aidés », se souvient-elle. Malgré les contraintes de temps liées à la websérie, l’équipe offrait la possibilité à Gabriel de Villers-Matte et à Étienne Galloy (Haute démolition, Les bracelets rouges), qui interprète Oli, d’improviser d’une prise à l’autre. « Ça donnait toujours des trucs géniaux… » fait remarquer la cinéaste, par ailleurs reconnue à l’international pour ses documentaires, comme L’héritier.

Brouiller les pistes

« Sur le plan de la structure, je ne m’en cache pas, je voulais un peu embrasser les codes de la comédie romantique », mentionne ensuite Maxime Lamontagne. Alors que les téléspectateurs ont l’impression d’assister à un coup de foudre entre deux des personnages de Synchro dès les premières images, le scénariste brouille les pistes pour nous parler d’une autre relation, celle de Zach et Oli. « Les deux personnages apprennent à s’apprivoiser et il y a des embûches, bien sûr », signale-t-il.

« Maxime voulait faire quelque chose de drôle et je me suis embarquée dans la série en reprenant des codes de la comédie romantique », renchérit Édith Jorisch. Une comédie d’amitié, en quelque sorte. « Ce n’est pas exactement là où on les attend, mais il y a des ruptures », prévient celle qui s’est donné un malin plaisir à jouer avec ces registres. Mais à la fin, l’amitié, comme l’amour, triomphe toujours.

Pour célébrer l’amitié, quelle meilleure idée qu’une grande fête ? « C’est là que la fiction embarque vraiment », note Maxime Lamontagne, passionné de musique électronique. Pour ce faire, il a imaginé un DJ, Oli, qui, paralysé par son anxiété de performance, a de la difficulté à créer de la nouvelle musique… « Zach va soutenir Oli en l’incitant à ne pas trop se prendre la tête et à se laisser aller », relate le scénariste. Ensemble, le duo nourrit son amitié et s’épanouit au rythme d’une passion commune pour l’électro.

La musique électronique, de par son côté souvent contemplatif, permet à Oli de revenir dans le moment présent, puis d’embrasser un brin de désinvolture. « Dans Synchro, en fait, la musique est un écho à la relation d’amitié entre Zach et Oli qui est au coeur du projet », conclut Maxime Lamontagne. Que la fête commence !

Synchro

Sur tv5unis.ca, dès le 9 juillet

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