Le drapeau franco-ontarien pourrait à nouveau flotter en permanence à Greenstone

L’administration de Greenstone souhaitait pouvoir faire flotter le drapeau de la cause autochtone Every Child Matters, tout particulièrement lors de Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, le 30 septembre. Mais plutôt que d’acheter un quatrième mât, elle a choisi d’abaisser le drapeau franco-ontarien, qui flottait de façon permanente sur la ville depuis 2015.
Photo: Olivier Zuida Archives Le Devoir L’administration de Greenstone souhaitait pouvoir faire flotter le drapeau de la cause autochtone Every Child Matters, tout particulièrement lors de Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, le 30 septembre. Mais plutôt que d’acheter un quatrième mât, elle a choisi d’abaisser le drapeau franco-ontarien, qui flottait de façon permanente sur la ville depuis 2015.

Face aux protestations de la communauté francophone, la Ville de Greenstone pourrait revenir sur sa décision de ne plus faire flotter en permanence le drapeau franco-ontarien.

Un avis de motion a été déposé lundi soir par la conseillère municipale Vicky Budge afin de redébattre des changements apportés à la politique de disposition des drapeaux. La motion, qui vise à « réexaminer la résolution », sera présentée lors de la prochaine séance du conseil municipal, le 25 mars. Si elle est approuvée, les élus pourront à nouveau débattre lors de la réunion suivante, le 8 avril.

« On espère que ça sera redébattu, parce que, la dernière fois, ça n’a pas été débattu du tout, c’est juste passé en dedans de 30 secondes », a expliqué la présidente de l’Association des francophones du nord-ouest de l’Ontario (AFNOO), Claudette Gleeson, en entrevue au Devoir.

L’AFNOO, qui a organisé la présence d’une délégation franco-ontarienne à la réunion du conseil municipal de lundi, ne crie pas toutefois victoire et appelle à poursuivre la mobilisation. Les conseillers municipaux sont restés « vraiment neutres ; ils n’ont pas démontré leur intérêt », note Mme Gleeson. Aucune question n’a d’ailleurs été posée aux délégués Sylvie Payeur, Anne-Marie Gélineault et Vincent Nadon — un élève du secondaire dont le père est autochtone et la mère francophone.

La Ville de Greenstone n’a pas répondu aux questions du Devoir.

Les élus ne pourront toutefois « pas oublier » la mobilisation de la communauté, selon Mme Gleeson, car environ 70 personnes vêtues de vert et de blanc se sont déplacées pour assister à la réunion du conseil municipal malgré la semaine de relâche. « L’ambiance était incroyable. »

Un tollé dans la communauté

En février, le conseil de la municipalité au nord de Thunder Bay a modifié sa politique de disposition des drapeaux. Dans une démarche de « réconciliation », l’administration souhaitait pouvoir faire flotter le drapeau de la cause autochtone Every Child Matters, tout particulièrement lors de Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, le 30 septembre.

Mais plutôt que d’acheter un quatrième mât, elle a choisi d’abaisser le drapeau franco-ontarien, qui flottait de façon permanente sur la ville depuis 2015. Le drapeau vert et blanc et le drapeau orangé seront désormais hissés « pendant une période pouvant aller jusqu’à cinq jours » chaque année.

La décision a été prise sans consulter ni les communautés francophones ni les Premières Nations, a affirmé Sylvie Payeur, vice-présidente du conseil scolaire de district catholique des Aurores boréales. Et elle a suscité un tollé, non seulement au sein de la municipalité, mais aussi au gouvernement fédéral.

La semaine dernière, la ministre des Services aux Autochtones, Patty Hajdu, a déclaré que la Ville de Greenstone n’avait « pas à choisir » entre la réconciliation et ses racines francophones. « On peut avancer sur le chemin de la réconciliation ET être fier de nos racines francophones. […] Je sais que les francophones de Greenstone sont solidaires des Premières Nations. J’espère qu’on va trouver une façon de célébrer les deux », avait-elle écrit sur le réseau social X.

En près de quatre jours, plus de 500 résidents de la municipalité ont signé une pétition pour le « rétablissement immédiat et permanent du drapeau franco-ontarien ». Parmi les signataires, qui représentent plus de 10 % des habitants de Greenstone, figurent des francophones, mais aussi des anglophones et des membres des Premières Nations, s’est réjouie la présidente du Conseil du scolaire du Grand Nord, Anne-Marie Gélineault. Le maire James McPherson a toutefois évoqué « un problème avec la pétition dont nous ne pouvons pas parler avec le public », sans donner d’autres détails.

Selon Mme Payeur, la décision prise en février est « contradictoire avec l’idée d’inclusion » dont la municipalité veut faire preuve, et crée plutôt des « divisions » entre francophones et Autochtones.

Ce reportage bénéficie du soutien de l’Initiative de journalisme local, financée par le gouvernement du Canada.

À voir en vidéo