Dominique Ollivier reproche à la VG d’avoir omis de la consulter

Dominique Ollivier soutient que plusieurs affirmations contenues dans le rapport de la VG l’ont fait sursauter.
Photo: Jacques Nadeau Le Devoir Dominique Ollivier soutient que plusieurs affirmations contenues dans le rapport de la VG l’ont fait sursauter.

L’ancienne présidente de l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM) Dominique Ollivier reproche à la vérificatrice générale (VG) de Montréal, Andrée Cossette, d’avoir omis de la consulter ou d’obtenir son point de vue pour la rédaction de son rapport annuel très critique à l’égard de la gestion de l’organisme.

Présidente de l’OCPM de 2014 à 2021 et désormais conseillère municipale, Dominique Ollivier a fait parvenir une lettre aux élus du conseil municipal, qui, mardi, discutaient en séance plénière du rapport déposé par la VG. Elle avance que si elle avait pu présenter sa position à la VG, elle aurait pu éclaircir certains éléments. Elle déplore qu’Andrée Cossette ait uniquement consulté la nouvelle direction de l’organisme, mise en place à la suite des révélations de dépenses excessives et du congédiement d’Isabelle Beaulieu l’automne dernier. « Je n’ai nullement été consultée ou mise à contribution dans ce rapport. La vérificatrice générale m’avait pourtant assurée en février dernier de son intention de m’entendre. Elle a choisi autrement et c’est sa prérogative que je respecte totalement », précise-t-elle d’emblée dans sa lettre.

Dominique Ollivier soutient que plusieurs affirmations contenues dans le rapport de la VG l’ont fait sursauter. En soutenant que « l’OCPM s’est octroyé une indépendance administrative par rapport à la Ville », la VG montre qu’elle connaît mal le contexte dans lequel l’OCPM a été créé, écrit Mme Ollivier. À l’époque, souligne-t-elle, le législateur avait permis que le conseil municipal adopte un règlement pour encadrer les dépenses de l’Office. « Ce qui, à ma connaissance, n’a jamais été fait », indique-t-elle.

Elle remet aussi en question les constats faits par la VG sur le budget de l’organisme et relève des contradictions dans le rapport. Au sujet des critiques concernant la gestion financière de l’organisme, Dominique Ollivier fait valoir qu’au moins 16 rapports de vérification et deux rapports d’auditeurs externes mandatés par la Ville n’ont relevé aucune des anomalies présentées dans le rapport.

« Je ne nie aucunement la valeur du rapport qui vous est présenté aujourd’hui qui comprend beaucoup de constats intéressants et met en lumière certaines lacunes. […] Je déplore toutefois que devant ces questionnements qu’avait le BVG [Bureau de la vérificatrice générale], avant de tirer ses conclusions, il n’ait pas pris la peine de demander des éclaircissements à ceux et celles qui les avaient », indique Mme Ollivier.

L’automne dernier, Dominique Ollivier avait démissionné de la présidence du comité exécutif dans la foulée de révélations concernant la gestion de l’OCPM.

« Les personnes qu’on rencontre lors de nos audits, c’est confidentiel, a rétorqué Mme Cossette lors d’un point de presse. Ça fait partie de la démarche du BVG de maintenir confidentielles toutes les informations qui nous sont transmises. »

La VG a cependant confirmé avoir rencontré la direction actuelle de l’OCPM dans le cadre de l’audit. « On a obtenu les documents et les réponses dont on avait besoin avec les différents intervenants qu’on a rencontrés. Donc les documents nécessaires pour notre audit étaient à l’OCPM, et c’est sur ces documents-là qu’on a procédé à notre audit. »

Elle a rejeté les reproches de Mme Ollivier. « On a des procédures d’audit très élaborées, très strictes », a-t-elle dit.

Le président du comité exécutif, Luc Rabouin, a soutenu que des mesures avaient déjà été mises en place pour resserrer l’encadrement de l’OCPM. En décembre dernier, Québec a d’ailleurs modifié la Charte de la Ville afin de préciser le statut de l’OCPM, qui demeure indépendant dans son travail de consultation, mais qui relève administrativement de la Ville. « Ça veut dire que tous les encadrements administratifs de la Ville s’appliquent. Il n’y a plus aucune ambiguïté », a expliqué M. Rabouin. L’élu a même dit que depuis 20 ans, toutes les administrations qui se sont succédé à l’hôtel de ville étaient convaincues de l’indépendance totale de l’Office.

L’opposition croit que Valérie Plante devrait expulser de son caucus Dominique Ollivier, qui siège désormais comme conseillère municipale d’un district de Rosemont–La Petite-Patrie. La VG a relevé des « abus » réalisés à l’OCPM sous la gouverne de Mme Ollivier, a fait valoir le chef d’Ensemble Montréal, Aref Salem. « Des membres de la direction se déplaçaient avec des coupons de taxi non justifiés. Quand on voit un membre de la direction [qui] va manger seul dans un restaurant pour 80 $ avec une bouteille de vin, comment peut-on accepter de tels gestes ? »

Les collègues de Mme Ollivier ont toutefois pris sa défense. « Dominique Ollivier est une élue extraordinaire. Elle fait un travail terrain irréprochable. […] Pour nous, elle est une valeur ajoutée à notre formation », a souligné le conseiller de Projet Montréal Robert Beaudry.

Moins de logements vacants

Le rapport de la VG soulève aussi des lacunes dans la gestion des habitations à loyer modique par l’Office municipal d’habitation de Montréal (OMHM), qui comptait, en mars 2023, quelque 2408 logements vacants, soit 11 % de son parc immobilier, et accusait un retard important dans les inspections de ses bâtiments.

L’OMHM a souligné mardi que la situation s’était améliorée. Ainsi, l’organisme prévoit des investissements de 250 millions en 2024, contre 91 millions en 2022. Il a aussi mis à jour sa liste d’attente afin de diminuer le délai d’attribution des logements. Le nombre de ménages en attente d’un logement est passé de 23 784 en 2022 à 16 174 en 2024. Quant aux logements vacants, ils sont maintenant au nombre de 1350, dont 365 en cours de location et 668 qui font l’objet de travaux, a précisé l’organisme.

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