Diviser pour mieux régner
En tant qu’agriculteur et propriétaire de terres agricoles, j’ai été invité le 24 avril à la réunion tenue à Saint-Pie par Innergex, un producteur d’énergie renouvelable qui veut implanter des éoliennes dans la région. Si cette réunion a fait parler, c’est qu’il y a des questions à se poser sur le modèle d’affaires proposé par la compagnie Innergex.
D’entrée de jeu, il régnait une atmosphère un peu spéciale à cette réunion « sur invitation seulement ». Je sentais qu’en ce qui nous concerne, membres de la confrérie des cultivateurs, le fait que nous sommes peu nombreux et l’attitude hostile de la population qui nous entoure nous autorisaient à avoir un point de vue particulier. Selon nous, le choix d’accueillir ou non une éolienne sur nos terres ne regarde que nous. Je ressens qu’il y a bel et bien un fossé entre nous et la population, et que ce gouffre est sur le point de se creuser encore un peu plus.
Certains ont accusé les opposants d’engendrer la division sociale. Pourtant, la division sociale est intrinsèque à ce modèle d’affaires qui consiste à faire du maraudage et à offrir des sommes considérables d’argent avant même la consultation de la population. Ce modèle mis en oeuvre au vu et au su des municipalités et de la MRC ne va que faire empirer la situation.
Je m’explique mal tous les efforts et toutes les heures de travail que les élus de la MRC ont investis pour élaborer un règlement de contrôle intérimaire (RCI) en sachant que la composante sociale du développement durable a été complètement écartée. Pire, le RCI est une acceptation implicite du projet d’Innergex et aggrave la division qui corrode les communautés. Quand les choses vont mal, s’il n’y a pas de cohésion sociale, on tombe tout de suite en période de crise.
Pourquoi tant de hâte ? Les intérêts financiers à court terme d’Innergex semblent miser sur cette division sociale. Il faut une pause qui donne à la population le temps d’être bien informée. De plus, le projet de loi 69 sur la gouvernance responsable des ressources énergétiques a été déposé à l’Assemblée nationale. Un moratoire permettrait au public de connaître les nouvelles règles du jeu.