Démonstration de popularité de l’opposition à un mois de la présidentielle au Venezuela
Les lumières de plusieurs milliers de téléphones portables jalonnaient vendredi l’une des principales avenues de San Cristobal, capitale de l’État vénézuélien de Tachira frontalier de la Colombie, pour saluer dans l’euphorie le passage de la championne de l’opposition Maria Corina Machado, à un mois de la présidentielle.
Elle n’est pas candidate car déclarée inéligible par le pouvoir, mais est la figure de proue de l’opposition que tous sont venus voir. Elle appelle sans répit à porter les suffrages sur le candidat qu’elle a désigné, Edmundo Gonzalez, pour battre dans les urnes le président sortant, Nicolas Maduro, élu depuis 2013 et qui brigue un troisième mandat le 28 juillet.
Les sondages donnent inlassablement l’opposition en tête, dans un pays embourbé dans une longue crise économique et des élites discréditées frappées par des sanctions internationales, mais experts et opposition mettent en garde contre de possibles fraudes.
« On n’acceptera pas qu’ils nous volent les élections », dit Mme Machado à l’AFP. « Nous sommes un mouvement civique organisé, mais pas faible : il est profondément fort. »
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Juchée sur un camion plateau, elle salue ses soutiens qui éclairent la nuit tombante avec leurs téléphones. « Oui, on peut, oui, on peut », « liberté, liberté », scande la foule sur son passage.
Certains courent à mesure que le camion avance pour tenter d’accrocher au moins un regard sinon une main tendue de Mme Machado. Parfois, dans l’excitation, coulent des larmes d’émotion.
Inlassablement, Corina Machado envoie des baisers de la main et se voit offrir des dizaines de chapelets qu’elle passe autour du cou, des dessins la représentant, des casquettes et des T-shirts à son effigie et même un billet de deux dollars « porte-bonheur ».
« Je suis entraîneur de football et grâce à ce billet, j’ai gagné deux tournois avec mes enfants de 10 ans. Je le lui ai donné parce que ce billet va lui porter chance pour nous débarrasser de cette dictature », dit à l’AFP Pedro Miguel Suarez. « Elle l’a gardé contre son coeur, ça me remplit d’espoir », souffle-t-il.
La foule dense et compacte le long de l’avenue s’est également massée sur les balcons et toits des immeubles.
« Notre espoir »
Corina Machado n’a pas prononcé de discours, ne disposant pas de dispositif d’amplification par crainte de représailles du pouvoir contre ceux qui lui en fourniraient.
Les autorités ont fermé ou inspecté quelque 16 établissements (hôtels restaurants, bars) qui ont servi Mme Machado et son équipe durant sa tournée électorale, selon l’ONG Acceso a la Justicia qui a dénoncé 46 arrestations « arbitraires » dans le cadre de la pré-campagne électorale, dont 18 membres du parti Vente (Viens !) Venezuela, de Mme Machado.
« Elle est notre espoir, notre liberté », dit à l’AFP Michelle Rosales, 40 ans, venue avec sa mère Trina, 60 ans, pour ce qu’elles appellent un « pèlerinage ».
Le long du parcours, les soutiens de Maria Corina Machado entonnent l’hymne national a cappella. « Je n’arrive pas à y croire », s’émeut Mme Machado, « on a gagné ».