«Dans le blanc des âges», Julie Stanton

La pertinence immédiate du regard de notre doyenne des poètes sur le temps, si cruel parfois, qui nous tient à la gorge, s’impose. En effet, « rien ne presse / ni l’ultime ni le vide » (p. 13), dit-elle. « Qu’y a-t-il / de si impudique dans la fièvre / de vivre » (p. 56), demande-t-elle encore, comme pour s’excuser de sa vitalité. Sans faillir, la voici toujours à la recherche de « ce qui s’est gravé en [elle] cire chaude dans laquelle se sont incrustées de petites béatitudes », ou de « quelques fulgurances / à apprivoiser. / L’immortalité par exemple ». Le travail poétique de Julie Stanton est souvent ciselé. Elle sait parler de sensations bachelardiennes : « déjà à la naissance / tes os de nacre », dont le souvenir émerge dans le corps vivant. Elle écoute aussi « le silence ivoiré des os ». Même, parfois, quand elle s’aventure dans la conscience de la déchéance du monde, sorte d’anamorphose de notre propre finitude, elle a de belles envolées, comme emportées par l’irrémédiable : « Ce fol pari alors que l’oxygène fuit de partout je le chuchote les mains sur le globe terrestre ou en porte-voix à travers le rouge furieux des carnages. » Fort recueil de cette poète de 87 ans, au sens très vif du poétique.

Dans le blanc des âges

★★★★

Julie Stanton,

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