«Je suis: Céline Dion»: la femme derrière la vedette
Il y avait de la fébrilité dans l’air lundi soir au théâtre Maisonneuve de la Place des Arts alors que de nombreuses personnalités étaient réunies pour assister à une projection spéciale du documentaire de l’Américaine Irene Taylor consacré à Céline Dion. Précédé d’une couverture médiatique mondiale d’autant plus imposante que la chanteuse n’avait pas accordé d’entrevues depuis près de quatre ans, le film intitulé I Am: Celine Dion (Je suis : Céline Dion) sera accessible aux abonnés de Prime Video à compter du 25 juin.
D’abord, on a pu voir et entendre en direct la chanteuse de 56 ans, visiblement émue, prendre la parole lors de la première new-yorkaise. Ensuite, dans un bref message préenregistré, la petite fille de Charlemagne s’est adressée à ses admirateurs québécois. Puis est enfin venue l’heure du programme principal : un documentaire peu conventionnel, qui, comme Céline Dion l’a souhaité, ne contient ni narration ni têtes parlantes, un film qui rend justice à la femme plutôt qu’à la vedette, un portrait intimiste, contemplatif, parfois même poétique, qui est souvent drôle, mais aussi, par moments, déchirant.
Céline chez elle
Ce n’est pas d’hier que Céline Dion offre à ses fidèles et nombreux admirateurs une vue imprenable sur son quotidien de star et de femme, sur sa vie de famille et de tournée, sur ses expériences de l’amour, de la maladie et du deuil. Après Céline autour du monde, réalisé par Stéphane Laporte en 2010, un film où la chanteuse faisait déjà preuve d’une grande ouverture, I Am: Celine Dion va plus loin, beaucoup plus loin. Enclenché par l’artiste elle-même, notamment parce qu’elle tenait à sensibiliser les gens au sujet du syndrome de la personne raide (SPR), le tournage du film s’est déroulé en 2021 et 2022.
Il y a plusieurs extraits d’archives, des séquences brèves, toujours essentielles à la dramaturgie du film, mais qui sont rarement celles auxquelles on aurait pu s’attendre. On voit par exemple des images de la première entrevue en anglais, à la CBC, en 1983, puis du premier Olympia, en 1984, où la chanteuse assurait la première partie de Patrick Sébastien, ou encore du concert donné au Zénith de Paris en 1995. Il y a aussi plusieurs évocations de l’enfance, des photos peu ou jamais vues, des fêtes de famille très animées. Plus que l’ascension, plus que les résidences à Las Vegas et les tournées mondiales, c’est le rêve originel que le film semble vouloir dépeindre.
À lire aussi
À vrai dire, le documentaire s’apparente à un bilan, un inventaire nécessaire avant d’entreprendre une nouvelle étape. Une scène est particulièrement représentative de cela : imaginez Céline, les yeux pétillants, qui sert de guide dans un entrepôt où se trouvent les souvenirs de toute une vie, les robes et les jouets, les dessins et les chaussures, les artefacts de la carrière aussi bien que ceux de la vie de famille. Ce que le documentaire réussit le mieux, c’est donner accès à celle qui se cache derrière la superstar. On évoque les joies et les peines, les naissances et les décès, les rôles de fille, de soeur, d’épouse et de mère. Au lent fil des jours dans la villa de Las Vegas, on la voit démaquillée, vulnérable, mais bien vivante, s’amuser de bon coeur avec ses jumeaux, nourrir son chien vieillissant et même… passer l’aspirateur !
Du rire aux larmes
On assiste à l’injection de plasma par intraveineuse et aux séances de réadaptation physique, mais aussi aux exigeantes séances d’enregistrement de la chanson Love Again et même à la création de la vidéo par le biais de laquelle Céline Dion a annoncé le 8 décembre 2022 qu’elle était atteinte du SPR. Vers la fin, une séquence montre la chanteuse en proie à une terrible crise, le corps parcouru de spasmes, des images si insoutenables qu’une spectatrice présente dans la salle lundi soir en a fait un malaise qui a nécessité l’intervention d’un premier répondant.
En guise de contrepoints aux moments plus tragiques, la réalisatrice a prévu des touches d’humour, comme l’imitation de Sia au Tonight Show de Jimmy Fallon en 2016 ou encore la relecture de My Heart Will Go On avec James Corden dans les fontaines du Bellagio en 2019. Ainsi, le documentaire n’est jamais sombre, jamais pathétique, jamais complaisant, mais plutôt tourné vers la possibilité d’un avenir meilleur. S’il est largement question de l’état de santé de la chanteuse, le vrai sujet n’est pas là. C’est un prétexte pour faire une pause, mesurer le chemin parcouru et imaginer la suite de cette histoire d’amour qui unit Céline à ses admirateurs depuis plus de 40 ans.