«Et plus si affinités»: de charmants préliminaires

Reprise d’un long métrage espagnol de 2020, «Sentimental», lui-même adapté par son auteur d’une pièce de Cesc Gay, «Et plus si affinités» est un film charmant.
Photo: AZ Films Reprise d’un long métrage espagnol de 2020, «Sentimental», lui-même adapté par son auteur d’une pièce de Cesc Gay, «Et plus si affinités» est un film charmant.

Après une monotone journée de travail auprès d’étudiants en musique désabusés, Xavier (Bernard Campan) rentre chez lui, de mauvaise humeur, où l’attend une mauvaise surprise. En effet, son épouse, Sophie (Isabelle Carré), a invité les voisins du dessus à manger. Il faut dire que le grognon professeur entretient un vif ressentiment envers le couple — Adèle (Julia Faure) et Alban (Pablo Pauly) —, qui le tire régulièrement du sommeil au milieu de la nuit avec ses ébats bruyants.

Sophie, de son côté, a bon espoir que la flamme qui anime ses deux voisins gagnera le coeur de son mari, et ravivera quelque peu son désir, lui qui ne la touche plus depuis des années. Pendant que le gigot de sept heures cuit au four, le couple de quinquagénaires, usé par des années de vie commune, et celui des jeunes trentenaires tenteront de faire abstraction du malaise qui gronde, avant, finalement, de crever l’abcès. Devant les moeurs débridées de leurs invités, Xavier et Sophie seront poussés dans leurs derniers retranchements.

Reprise d’un long métrage espagnol de 2020, Sentimental, lui-même adapté par son auteur d’une pièce de Cesc Gay, Et plus si affinités est un film charmant, parfois drôle, souvent touchant, qui n’échappe toutefois pas à un certain nombre de clichés dans sa vision du couple et des différences intergénérationnelles.

Avec simplicité et un bonheur évident, l’oeuvre des cinéastes français Olivier Ducray et Wilfried Méance assume complètement son emprunt au théâtre de vaudeville, avec tout ce que cela comporte de blagues convenues et de personnages caricaturaux — ici portés par un quatuor d’acteurs impeccables qui ne peuvent qu’entraîner l’adhésion. Mention spéciale à Pablo Pauly, qui atteint le point d’équilibre entre le charme désinvolte et la condescendance agaçante.

Le scénario comme la mise en scène sont en symbiose avec cette approche théâtrale, dans une unité de temps et d’espace formant un huis clos dynamique laissant toute la place à l’authenticité des interprètes.

La caméra épouse les faits et gestes des acteurs, mais alterne également avec des plans larges afin de renforcer l’impression scénographique de l’ensemble et accentuer l’effet voyeuriste sur le spectateur.

Olivier Ducray et Wilfried Méance ne réinventent certainement pas la roue avec ce film classique et gentiment convenu. L’un peut, s’il s’attarde au propos et aux caractéristiques grotesques des personnages, être contrarié par la superficialité de la conversation et des contrastes mis en scène, ainsi que par certaines blagues déjà entendues mille fois.

Le tout rappelle quand même quelques vérités fondamentales sur la difficulté de la vie à deux et sur celle du fatalisme des adieux. Dès lors que l’on accepte la proposition, on passe un bon moment, qui ne révolutionne ni n’engage aucune réflexion. Un pur divertissement, pour ne pas se casser la tête.

Et plus si affinités

★★★

Comédie d’Olivier Ducray et Wilfried Méance. Avec Isabelle Carré, Bernard Campan, Pablo Pauly et Julia Faure. France, 2024, 77 minutes.

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