«Despicable Me 4»: le filet Minion ne suffit pas
Il y a un tas de bonnes idées dans Despicable Me 4 (Détestable moi 4 en V.F.) de Chris Renaud (familier de cet univers où il a porté plusieurs chapeaux) et Patrick Delage. Un gros tas, alimenté par les scénaristes Mike White (The White Lotus) et Ken Daurio (Migration) qui, comme en proie à une hyperactivité créatrice, ont négligé l’arc dramatique servant de colonne vertébrale au long métrage pour tendre quantité de cordelettes qui s’emmêlent un peu n’importe comment. À l’arrivée, un film au rythme chaotique qui saute de vignette en vignette, certaines plus réussies que d’autres. Et qui oublie « son » méchant pour le retrouver dans une finale précipitée.
Mais, malgré ses défauts, ce quatrième volet des aventures de Gru (voix de Steve Carell), super-vilain devenu chasseur de vilains pour l’Anti-Villain League (AVL), redresse la barre et une trajectoire qui piquait du nez. Sept ans après le très oubliable Despicable Me 3 et deux productions plutôt sympas consacrées aux Minions, quelques semaines après les décevants IF, de John Krasinski, et The Garfield Movie, de Mark Dindal, ce film d’animation familial s’accueille donc plutôt bien en ce début de vacances scolaires.
On retrouve ici Gru et sa famille : l’agente de l’AVL Lucy Wilde (voix de Kristen Wiig) et les trois fillettes adoptives du couple, Margo, Edith et Agnes — de véritables armes d’affection massive tant leurs personnages sont craquants, mais qui sont malheureusement peu présentes dans ce quatrième volet. Snif. La cellule familiale s’est toutefois enrichie du petit Gru Jr., qui devient le maillon faible du clan. Après avoir été arrêté par Gru et s’être évadé, le très méchant et revanchard Maxime Le Mal (voix de Will Ferrell), que l’on pourrait surnommer Coquerelle Man, a menacé de kidnapper le bébé. Inquiets, les dirigeants de l’AVL intègrent les Gru dans un programme de protection.
S’amorce alors un bouquet d’historiettes « gruesques » (cours de karaté, passage au salon de coiffure, entrée à l’école, chantage éhonté) et « minioniemmes » (gaffes en série à la maison et ailleurs, mutations des petites créatures jaunes en Mega-Minions) n’exploitant jamais leur plein potentiel. Dommage. Puis, un quart d’heure avant la fin du film, Maxime Le Mal se repointe dans l’histoire qui se boucle à la va-très-vite. D’un côté, c’est beaucoup trop. De l’autre, c’est trop peu.
Pourtant, la chimie finit par prendre et le moment passé en cette compagnie s’avère plutôt bon. Même pour les adultes, auxquels s’adressent quelques gags à connotation sociale (l’écologie, les privilèges des très riches et… le lait ordinaire, ça existe encore ?). Quant à ceux qui assisteront à une projection en version originale, ils reconnaîtront dans le design des personnages les acteurs et les actrices qui les incarnent vocalement. Leur adaptation en 3D est particulièrement réussie.
Il faut dire que dans l’animation aujourd’hui, l’aspect visuel n’est pas un problème. Les possibilités sont enivrantes. Le bât blesse plutôt côté scénario. Là, c’est la gueule de bois.