Les CPE devraient être accessibles aux demandeurs d’asile, selon Pauline Marois

Pauline Marois a dit croire que le réseau des CPE devrait accueillir « tous ceux et celles qui vivent ici ».
Photo: Graham Hugues La Presse canadienne Pauline Marois a dit croire que le réseau des CPE devrait accueillir « tous ceux et celles qui vivent ici ».

Les enfants des demandeurs d’asile devraient avoir accès au réseau des centres de la petite enfance (CPE) afin de favoriser l’intégration de leurs familles, affirme l’ex-première ministre Pauline Marois, qui plaide aussi pour que leur nombre respecte le poids démographique du Québec.

Le gouvernement québécois a adopté en 2018 un règlement privant les demandeurs d’asile des services de garde subventionnés. La décision a depuis été contestée devant les tribunaux et Québec a été débouté en Cour d’appel.

Le gouvernement Legault a annoncé cet hiver qu’il portait le dossier devant la Cour suprême.

Questionnée à ce sujet en marge d’un panel sur la politique familiale du Québec, jeudi matin, Mme Marois a dit croire que le réseau des CPE devrait accueillir « tous ceux et celles qui vivent ici ».

Plutôt que de vouloir restreindre l’accès à ce service, le gouvernement devrait concentrer ses efforts à réduire le nombre de demandeurs d’asile qu’il accueille sur son territoire. Puisque Québec « a raison de mener cette bataille », a-t-elle dit en entrevue avec La Presse canadienne.

« Pas parce qu’on n’est pas généreux, mais parce qu’un moment donné il n’y a plus d’espace pour le faire », a poursuivi Mme Marois.

Selon elle, les demandeurs d’asile devraient être mieux répartis dans l’ensemble du Canada afin d’éviter une surreprésentation au Québec et en Ontario.

« Si on a un nombre raisonnable qui est en lien avec notre poids démographique, on devrait offrir le service à tous ceux et celles qui vivent ici. Parce que si on veut qu’ils s’intègrent, qu’ils participent à la société québécoise, il faut leur offrir les services », a affirmé celle qui a instauré les CPE en 1997 alors qu’elle était ministre de l’Éducation et de la Famille.

En février dernier, la Cour d’appel a jugé que les demandeurs d’asile détenant un permis de travail pouvaient bel et bien confier leurs enfants à un service de garde subventionné et ainsi bénéficier de la contribution réduite.

Le tribunal a statué que le règlement du gouvernement est discriminatoire envers les femmes et contrevient à la Charte canadienne des droits et libertés.

Pour sa part, l’avocat du gouvernement avait notamment plaidé que l’objectif du législateur est de « donner une aide financière aux personnes qui présentent un lien suffisant avec le Québec ».

Il ajoutait que l’État ne peut tenir pour acquis qu’une personne qui demande l’asile va rester au Québec.

Des points à améliorer

Mme Marois prenait part jeudi à la plénière d’ouverture d’une conférence internationale sur la conciliation travail-famille du « Work and Family Researchers Network », qui se tient à Montréal.

Devant plusieurs participants réunis dans un auditorium de l’Université Concordia, Mme Marois a rappelé que la création des CPE avait entre autres pour objectif de favoriser l’égalité des chances des enfants et l’autonomie financière des femmes.

D’autres intervenantes présentes sur le panel, dont une sociologue et une sous-ministre du ministère québécois des Finances, ont décrit à quel point la mise en place des garderies subventionnées a eu plusieurs impacts positifs sur la société, entraînant notamment une meilleure participation des femmes sur le marché du travail.

Malgré ce succès, des gestes sont nécessaires pour améliorer le service, estime Mme Marois, alors qu’il y a des listes d’attente et que 20 % des CPE n’obtiendraient pas la note de passage en matière de qualité éducative.

« C’est inacceptable ce qu’on constate maintenant », a-t-elle dit lors de la conférence.

Mme Marois a appelé à un retour de l’obligation de deux éducatrices sur trois formées au service de la petite enfance, plutôt qu’une seule depuis la pandémie. Elle souhaite aussi une meilleure reconnaissance de ces travailleuses sur le plan salarial.

L’ex-première ministre croit également que Québec devrait donner un « solide coup de barre » pour convertir des garderies privées en CPE.

Précisant que ces organismes à but lucratif ne sont pas « mauvais dans tous les cas », Mme Marois déclare que ceux-ci ont « un niveau de qualité qui est moins élevé ».

« Il y a de très bons services commerciaux, mais on devrait résolument se tourner vers les CPE », a-t-elle soutenu en entrevue.

Mme Marois a souligné que ce sont des parents qui forment les conseils d’administration des CPE, ce qui pousserait à une meilleure qualité des services. « Est-ce que vous connaissez quelqu’un de plus intéressé au fait que les services soient de qualité dans son organisation qu’un parent ? » expose-t-elle.

Au cours de la plénière, il a aussi été question du régime des congés parentaux du Québec qui se démarque d’autres juridictions.

La conférence de « Work and Family Researchers Network », qui a lieu jusqu’à dimanche, réunit plus de 500 participants, dont des chercheurs.

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