La Cour autorise l’exhumation du corps d’une enfant autochtone morte en 1966 à La Tuque

L’identité de l’enfant et de sa famille est protégée par la Cour.
Photo: Olivier Zuida Le Devoir L’identité de l’enfant et de sa famille est protégée par la Cour.

La Cour supérieure du Québec autorise l’exhumation du corps d’une enfant crie morte et enterrée en 1966 à La Tuque, à l’âge de 9 ans, sans que ses parents soient consultés.

La décision du juge Alain Bolduc, rendue le 11 juin, s’inscrit dans une série de démarches menées par des familles autochtones dont les enfants sont disparus ou décédés après avoir été admis dans un établissement québécois de la santé et des services sociaux. Il y a actuellement des recherches au sujet de 199 de ces enfants, dont la trace a été perdue entre les années 1940 et 1980.

Le tribunal avait donné son feu vert l’an dernier à l’ouverture de deux sépultures de bébés innus, sur la Côte-Nord. Dans sa décision, le juge Bolduc autorise donc une troisième famille autochtone à déterrer le corps de son enfant, à une date qui n’a pas encore été déterminée.

« L’enfant visée par la demande d’exhumation a été admise à l’hôpital alors qu’elle était dans un pensionnat, loin de ses parents, et y est décédée peu de temps après. Elle a ensuite été inhumée au cimetière qui se trouve près du pensionnat plutôt que dans sa communauté », précise un communiqué de presse envoyé aux médias mardi.

Les parents tenus à l’écart

Comme plusieurs autres, les parents n’ont été informés du décès de leur enfant « que plusieurs mois après » celui-ci. « Ils ne l’ont jamais vue avant son enterrement et n’ont jamais été consultés quant au lieu d’inhumation de leur enfant », précise le communiqué. Ils souhaitent désormais inhumer leur fille au même endroit que ses proches, dans la communauté crie de Mistissini, dans le Nord-du-Québec.

L’identité de l’enfant et de sa famille est protégée par la Cour. La petite a été enterrée en avril 1966 dans le cimetière anglican de La Tuque, après son décès au centre hospitalier Saint-Joseph, dans cette même ville. Le jugement précise que l’enfant était née sur le territoire.

En entrevue, la directrice générale d’Awacak, qui accompagne les familles d’enfants disparus, dit s’attendre à davantage de jugements autorisant les demandes d’exhumation. « Je pense que les enfants disparus, ça commence à être reconnu au Québec et la justice est très sensible à ces familles-là, aux événements qu’elles ont vécus », a dit François Ruperthouse au Devoir. « Le travail continue et les familles commencent à faire un peu plus confiance, pas juste à Awacak, mais aussi à nos partenaires. Je pense que les familles commencent à se dire : “Moi aussi je suis prête à le faire.” Il y en a d’autres qui s’en viennent », prédit-elle.

L’ouverture de deux sépultures sur la Côte-Nord, en vertu de l’autorisation donnée l’été dernier, a permis à une famille de « clore » le processus qu’elle avait entamé, observe Mme Ruperthouse. Le dossier d’une autre famille est, en revanche, « encore en travail ».

Les demandes et les travaux d’exhumation sont faits en vertu d’une loi du gouvernement Legault qui vise à soutenir les familles autochtones dans leurs recherches de renseignements au sujet de leurs proches disparus.

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