Coup de pouce pour l’achat d’autobus scolaires électriques
Les cibles d’électrification du gouvernement du Québec pour les autobus scolaires créent un marché propice pour la société 7Gen. L’entreprise de Vancouver vient de lancer un financement clés en main pour les plus petits transporteurs scolaires qui, dit-elle, facilitera leur achat de nouveaux véhicules zéro émission.
L’entreprise pense pouvoir mettre sur les routes du Québec environ 700 autobus scolaires électriques d’ici trois ans, et se fixe comme objectif d’électrifier 3000 véhicules d’ici 2035. Cela ne semble pas trop ambitieux, puisque Québec a fixé comme objectif d’ici 2030 d’électrifier 65 % des quelque 11 550 autobus scolaires qui parcourent au-delà d’un million de kilomètres chaque jour où les écoles sont ouvertes.
Ce sont donc au moins 7500 autobus qui d’ici six ans, soit un peu plus de 1200 autobus par an, devront être remplacés. 7Gen a donc convaincu la Fédération des transporteurs par autobus (FTA) de la laisser agir comme un intermédiaire entre ses membres intéressés par cette transition et les institutions financières ainsi que les fabricants de véhicules et d’équipement logistique (bornes de recharge, logiciels de gestion, etc.).
« Un autobus électrique neuf coûte trois fois plus cher qu’un autobus diesel, soit entre 350 000 $ et 400 000 $. Pour un petit transporteur qui opère 10 ou 20 véhicules, c’est beaucoup d’argent », dit le vice-président du marketing et du développement des affaires de 7Gen, Frédéric Bel.
On n’est plus dans la pénurie d’il y a un an ou deux
7Gen propose un financement sous forme de crédit-bail, une location en vue d’acheter un véhicule, et qui s’étale sur 8 à 10 ans. Ce financement couvre tout — les véhicules, l’infrastructure de recharge, les logiciels. L’entreprise récupère l’aide à l’achat gouvernementale ainsi que les crédits de carbone qui peuvent faire baisser les coûts pour le transporteur.
« Et là, avec la FTA, si on peut le faire pour 100 autobus ou plus d’un seul coup, en regroupant la demande, ça nous permet de négocier de meilleures conditions d’achat que si chaque transporteur le fait individuellement », dit M. Bel.
Vers un report des cibles de 2030 ?
Le modèle proposé par 7Gen aux transporteurs scolaires est le même que l’entreprise offre depuis l’automne dernier aux PME québécoises qui souhaitent acheter un fourgon électrique. Dans les deux cas, l’entreprise estime que les fabricants seront en mesure de fournir suffisamment de véhicules pour satisfaire la demande et, ultimement, pour que le gouvernement puisse atteindre ses cibles de réduction des émissions de GES produites par le transport lourd et commercial.
« On n’est plus dans la pénurie d’il y a un an ou deux », assure Frédéric Bel. Cela dit, ce ne sera peut-être pas si simple. Pour obtenir une aide à l’achat maximale de la part du gouvernement, les transporteurs doivent acheter des autobus fabriqués au Québec. Or, le choix est limité. Lion Électrique, à Saint-Jérôme, et Girardin Blue Bird, à Drummondville, sont essentiellement les deux options, et leur cadence de production ne semble pas suffisante.
En tout cas, devant la Chambre de commerce et d’industrie du Grand Lévis, le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, a admis que le trop petit nombre d’autobus électriques actuellement disponibles pourrait forcer son gouvernement à reporter son objectif de voir 65 % des autobus scolaires être électrifiés en 2030.
Pierre Fitzgibbon répondait à une sortie de la Fédération des transporteurs par autobus, qui déplorait une aide gouvernementale et un approvisionnement trop faibles, ainsi qu’un échéancier trop court.
Le ministre a rappelé que l’aide provinciale avait déjà été augmentée, et qu’elle ne le sera probablement pas plus d’ici 2030. « La question, c’est : est-ce qu’on va trop vite dans l’électrification ? » s’est-il demandé ensuite, selon des propos qui ont été rapportés par Le Soleil.
Chez 7Gen, on ne s’inquiète pas trop de la situation. Au contraire, on pense que regrouper l’approvisionnement rendra tout ça plus simple. « On s’occupe de regrouper tous les besoins, la Banque de l’infrastructure du Canada et d’autres partenaires couvrent les besoins financiers… Ça devrait simplifier la vie des transporteurs scolaires pour qu’ils n’aient qu’à s’occuper en priorité de transporter les enfants », dit Frédéric Bel.