Élections américaines

Le congrès du Parti républicain dans l’oeil d’Adil Boukind

Peu importe les turbulences vécues dans sa campagne, Donald Trump pourra toujours compter sur les républicains pur jus du Texas, qui lui dérouleront le tapis — rouge, bien sûr ! — jusqu’aux élections de novembre. Incursion dans la Grand Old Party (GOP) Convention, grand-messe républicaine qui a lieu cette année à San Antonio, en plein coeur d’une ville démocrate.

1 «Guns save lives», «JESUS is my savior, TRUMP is my president», «Finish the wall». Sur des collants, des casquettes, des tasses, des ours en peluche et autres marchandises à la gloire de Donald Trump. Les slogans ultraconservateurs sont partout. Et les partisans du Parti républicain du Texas qui les vénèrent sont encore plus nombreux. Adil Boukind Le Devoir
2 «Pourquoi c’est important pour nous d’être ici? Parce qu’on ne veut pas finir comme votre pays!» me lance en riant Nitsie Elliott, coiffée d’un chapeau à paillettes bleu-blanc-rouge, aux couleurs du Lone Star, le drapeau texan. Adil Boukind Le Devoir
3 Dans le grand hall du Centre des congrès de San Antonio, une mère de famille et deux petits hommes-sandwichs de 6 ou 7 ans tout au plus se promènent avec leurs pancartes jaunes «Abolish abortion» et distribuent des tracts. Tout autour, ça bourdonne de partisans d’un certain âge — les jeunes se font rares — qui débordent de ferveur patriotique. Adil Boukind Le Devoir
4 Kathy Ward se photographie devant la grosse statue d’éléphant, symbole du GOP. «Je vote pour Trump parce qu’il sait comment gérer l’économie», lance cette grande blonde. Pour illustrer l’inflation, elle dit avoir observé le prix de son shampoing sec depuis que Joe Biden est au pouvoir. «En quatre ans, c’est passé de 7,99$ à 12,99$! Je sais que c’est un produit de luxe, mais quand même», note-t-elle. Adil Boukind Le Devoir
5 En entrant dans le salon des exposants, on observe qu’il règne une ambiance de kermesse de village. Alors qu’une odeur de maïs soufflé chatouille les narines, on aperçoit sur la gauche un hologramme de Donald Trump qui se trémousse et qui embrasse le drapeau américain à côté d’un kiosque rempli de souvenirs à son effigie. Plus loin, des délégués rient en jouant à «Biden Basher», un jeu d’adresse «tape-taupe» qui consiste à taper avec un marteau sur les petites têtes en plastique du président Joe Biden lorsqu’elles sortent de leur trou. Adil Boukind Le Devoir
6 Mais les républicains du Texas ne sont pas ici pour s’amuser. «Êtes-vous d’un média conservateur?» me demande une participante vers qui je tends gentiment le micro pour une entrevue. Avant de tourner les talons, agacée, elle explique que ce n’est pas un «freak show», que les «médias» sont tous démocrates et qu’ils ne font que publier des citations hors contexte qui les font mal paraître. «Ce n’est pas contre toi, but you know…» Malgré tout, la très grande majorité des membres du Parti républicain du Texas n’hésiteront pas à poser pour la caméra de mon collègue Adil Boukind et à répondre aux questions des médias. «Nous, les Texans, on est sans filtre. On dit ce qu’on pense», a fait valoir la militante Melanie Thomas. Adil Boukind Le Devoir
7 Plus loin dans la salle, des participants butinent autour de dizaines de kiosques installés sur la moquette écarlate. À première vue, le salon des exposants de la GOP Convention ne semble pas si différent de ceux des grandes foires commerciales. Affables, le sourire scotché au visage, les républicains sont en forme. Adil Boukind Le Devoir
8 Des opposants à la légalisation du cannabis — «Don’t California my Texas» — tiennent un kiosque à côté de deux gentilles retraitées qui donnent de l’information sur les thérapies de conversion. Plus loin, le kiosque de Gun Owners of America, un lobby pro-armes, propose des slogans à tout le moins explosifs: «SHOOT BACK» ou encore «It’s a right! Not a privilege». Adil Boukind Le Devoir
9 À sa table, Deirdre Cooper, de la Texas Alliance for Life, montre des foetus de caoutchouc de différentes tailles. «Celui-là, c’est à 12 semaines. Vous pouvez l’emporter», dit cette mère de 10 enfants, dont le petit dernier, de trois mois, dort dans une poussette. Adil Boukind Le Devoir
10 Bien que l’avortement soit interdit au Texas depuis l’été 2022, sauf lorsque la vie de la mère est en danger, elle craint que la loi ne soit affaiblie. «Il y en a qui veulent ajouter des exceptions», explique-t-elle. Et le Parti démocrate est devenu si «extrême» en matière d’avortement que certains de ses partisans «pro-vie» sont devenus républicains, constate-t-elle. «Le climat est très divisé.» Adil Boukind Le Devoir
11 À l’intérieur de la grande salle où se tient l’assemblée, le parterre de milliers de chaises est à moitié vide. Devant la scène, quelques délégués font la file derrière les divers micros pour débattre des modifications à apporter aux règlements. Les «ay» et les «no» que crient les délégués font office de votes. «Un homme est un homme et une femme est une femme. Je ne vois pas pourquoi on devrait préciser le mot “biologique”», lance un homme au chapeau de cow-boy, un revolver à la taille. Adil Boukind Le Devoir
12 C’est dans cette même salle, encore moins bondée, que Ted Cruz a été accueilli comme une vedette rock lors de la dernière journée de la convention, juste après l’hymne national et les prières d’usage. Les médias locaux rapportent que le nombre de participants — quelque 7000 cette année — est moindre qu’avant. En quittant le Centre des congrès sous la chaleur écrasante de San Antonio, Richard Carron m’a abordée en me demandant si j’étais une journaliste partiale comme tous les autres. «Donald Trump n’est pas une menace pour les États-Unis, a-t-il gentiment souligné. On veut juste qu’il retourne au pouvoir pour le prouver.» Adil Boukind Le Devoir

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