Grandeur et misère de ChatGPT comme assistant vocal

Les lunettes connectées à ChatGPT de Solos
Photo: Alain McKenna Le Devoir Les lunettes connectées à ChatGPT de Solos

C’est la première idée qu’a fait naître chez bien des gens un premier contact avec ChatGPT : imaginez la possibilité d’avoir accès à cet assistant numérique à tout moment du jour ou de la nuit… Et c’est ce qu’un fabricant de lunettes connectées propose cet automne. Mais ce n’est pas celui que vous pensez !

En effet, même si Meta fait grand bruit avec la deuxième version de ses lunettes connectées de marque Ray-Ban, c’est une entreprise nommée Solos, un fabricant de lunettes de Hong Kong à peu près inconnu du grand public, qui met en marché ces jours-ci les lunettes branchées les plus prometteuses. Solos vient de lancer une nouvelle version de sa technologie de verres connectés AirGo. Sa principale nouveauté : un accès vocal direct — dans la langue de votre choix — à ChatGPT, qui adopte ici un rôle d’assistant numérique personnel qui se veut plus polyvalent que Siri ou l’Assistant Google.

Solos AirGo 3

À la base, les lunettes de Solos agissent comme de simples écouteurs sans fil. On peut écouter de la musique, ou effectuer un appel et utiliser les lunettes AirGo comme un dispositif mains libres pour téléphone. Elles se jumellent au moyen de Bluetooth. Leur autonomie est de 10 heures d’utilisation par charge, ce qui est très tout à fait acceptable.

Le fabricant dit avoir mis au point un système d’annulation des bruits ambiants qui améliore la captation de la voix, mais l’interlocuteur n’entend pas toujours ce qu’on lui dit. Solos affirme que ce sera corrigé dans une mise à jour prochaine du micrologiciel de ses lunettes.

Les verres en tant que tels peuvent être fumés, ou pas. Des verres transparents qui bloquent uniquement la lumière bleue sont aussi offerts. On peut leur ajouter une prescription avant d’en commander une paire. Pratique.

Les lunettes avec filtre pour lumière bleue sont conçues pour être portées devant un écran d’ordinateur. Voilà qui tombe sous le sens, puisque c’est un contexte dans lequel on peut vouloir accéder rapidement à un assistant numérique comme ChatGPT, qui est capable de produire en quelques secondes le résumé d’une entrée encyclopédique entière sur n’importe quel sujet. Cela peut être aussi local que des questions sur l’histoire des patriotes dans les années 1830, ou aussi exotique qu’une liste des meilleurs restaurants de New York ou de Paris.

Il y a toutefois des limites à ce qu’on peut demander à ChatGPT à travers nos lunettes. Pour y accéder, il faut d’abord s’assurer d’ouvrir l’application Solos sur le téléphone avec lequel elles sont jumelées, puis activer le mode d’assistant numérique intégré dans cette application. On a ensuite seulement accès à la version de base de ChatGPT, celle qui a arrêté de recueillir des informations en septembre 2021.

Les conversations qu’on a avec ChatGPT sont transcrites dans l’application. On peut copier-coller le texte dans un courriel, un message texte ou ailleurs. Il aurait été vraiment plus intéressant d’automatiser cette fonction pour qu’on puisse le faire par commande vocale. On aurait aussi aimé avoir accès à la version 4.0 de l’IA générative d’OpenAI, la plus récente. On peut ajouter des extensions à cette version comme, justement, la possibilité d’aller chercher des réponses plus récentes n’importe où sur Internet.

L’application propose aussi d’utiliser ChatGPT comme traducteur instantané, mais, encore là, l’expérience n’est pas aussi naturelle que ce qu’on aurait souhaité : il faut passer par l’application pour voir la traduction, et il faut lui spécifier d’avance quelle langue on souhaite traduire, ce qui, quand on croise un étranger dans la rue, n’est pas très commode (ni même poli…).

Bref, tout cela est prometteur, mais pour le moment limité. Ce qui laisse sur son appétit, étant donné le prix des lunettes, qui démarre à 350 $ avec un coût d’abonnement de 10 $US par mois pour accéder à ChatGPT.

Meta et Ray-Ban répliquent

Les lunettes de Solos coûtent quand même 100 $ de moins que celles de Meta et de Luxottica, la multinationale qui détient la marque Ray-Ban. Cette deuxième version de leurs propres verres connectés reprend la même formule, en mieux, que leurs prédécesseurs : le son est plus nuancé, la connectivité est plus stable, et le choix de montures et de verres est plus vaste, avec une possibilité de presque 150 combinaisons différentes.

Comme les modèles précédents, les lunettes connectées de Ray-Ban (c’est leur nom) comprennent aussi des caméras, à l’avant. On peut non seulement les utiliser pour écouter de la musique ou interagir avec l’assistant numérique de Meta pour envoyer du contenu vers son fil Facebook ou Instagram, mais on peut, en plus, diffuser en direct la vidéo captée par nos lunettes !

Sans surprise, Meta cible les influenceurs avec ce produit, qui ne manquera pas de soulever plein de questions sur le respect de la vie privée des gens qui sont filmés, parfois peut-être à leur insu. Comme quoi des lunettes peuvent être connectées sans être très intelligentes…

Mais, bon. À 450 $, les lunettes connectées de Ray-Ban ne risquent pas de se vendre en très grand nombre. D’autant plus qu’elles n’offrent que très peu d’options de retouche des images qu’elles produisent, dont les gens très actifs sur les réseaux sociaux ne peuvent se passer.

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