Ma caméra est plus grosse que la tienne
Les acheteurs priorisent trois caractéristiques au moment où ils choisissent leur futur téléphone intelligent : son écran, sa pile et sa caméra. À l’ère des égoportraits, la caméra occupe de plus en plus la première place, en tout cas dans la tête des fabricants. C’est pourquoi ils ne cessent de l’améliorer. Mais parfois, trop, c’est comme pas assez…
Il n’y a rien qui ressemble plus au dévoilement d’un nouveau téléphone par un géant mondial de la technologique que… le lancement d’un téléphone par un de ses concurrents. En quelques minutes, on vante la luminosité de l’écran, le nombre de pixels qu’on y trouve, la possibilité d’utiliser l’appareil des heures durant avant de devoir charger sa batterie, et puis… on passe la prochaine heure à détailler le capteur et les objectifs qui composent ses caméras.
Signe des temps, des fabricants incluent désormais sur certains de leurs téléphones une caméra frontale dont le capteur est plus performant que celui de la caméra arrière. Ou encore, ils présentent leurs téléphones à écran repliable comme le moyen idéal pour réaliser les meilleurs égoportraits : on peut pointer vers soi la caméra la plus puissante du téléphone et voir le cadrage en temps réel à l’écran.
Des pixels qui sont… méga
Pendant un temps, les grandes marques de l’électronique vantaient le nombre élevé de pixels dans les photos prises par leurs téléphones. Chaque pixel est un point lumineux intercepté par le capteur numérique et enregistré dans le fichier JPEG résultant (ou RAW, pour les habitués de Photoshop).
Des appareils photo plus haut de gamme ont des capteurs numériques qui atteignent les 100 mégapixels. 100 millions de points de lumière qui composent ensuite chaque photo. C’est beaucoup ! La plupart du temps, c’est aussi superflu. Rarement a-t-on besoin d’une telle quantité de pixels.
Par exemple, quand on imprime un cliché sur du papier photo, on n’a réellement besoin que d’environ 300 pixels (ou « points ») par pouce, la mesure (impériale) utilisée en photographie et en graphisme. Si vous devez imprimer une photo au format 6 x 8 pouces (15 x 20 cm), le calcul est simple : il vous faudra une image de 1800 pixels de haut sur 2400 pixels de large. Elle comportera 4,3 millions de pixels.
Les photos prises avec un téléphone finissent très rarement étalées sur du papier photo. On les regarde plus souvent sur un écran dont la densité est sous les 300 pixels par pouce. On n’a pas besoin d’un capteur de 100 mégapixels pour ça.
Cela dit, plus on capte de pixels, plus on peut améliorer ses photos. Aussi bien Apple que Samsung ou Google combinent les données de plusieurs pixels pour améliorer la netteté de l’image, ou ses couleurs, ou une autre de ses caractéristiques.
Un téléphone équipé d’un capteur de 48 mégapixels pourrait générer des photos qui ne comporteront à la fin que 8, 12 ou 24 mégapixels.
Zoom zoom
À ce jour, les téléphones demeurent incapables de reproduire parfaitement le téléobjectif à focale variable. En un mot (anglais) : le zoom. Sur les caméras automatiques, c’était cette petite molette qu’on faisait glisser avec l’index pour cadrer son sujet de plus près.
Les téléphones recourent pour compenser à plusieurs objectifs mis côte à côte. Le Galaxy S23 Ultra de Samsung en compte cinq. L’iPhone 15 Pro Max, qu’Apple a dévoilé cette semaine, en compte trois, mais ils sont configurés pour créer l’illusion que le téléphone en compte sept.
Un des objectifs de l’iPhone 15 Pro Max est assez particulier : il produit un effet de « zoom 5x », l’équivalent d’un téléobjectif de 120 mm. Comme Huawei et Samsung avant lui, le fabricant californien a dû le courber, à la manière d’un périscope (avec des miroirs et tout), pour qu’il puisse tenir dans son téléphone.
La focale de 120 mm de l’objectif d’Apple est conçue exprès pour réaliser des portraits. Les photographes professionnels qui se spécialisent dans les mariages aiment utiliser ce genre d’objectifs, avec une focale de 120 à 135 mm.
Les photographes à la recherche d’animaux rares privilégieront une focale plus longue, qui peut aller jusqu’à 400 ou même 600 mm. Samsung propose bien une magnification de l’image sur son S23 Ultra qui simule l’effet d’un téléobjectif 100x, ce qui est énorme. Mais les images résultantes sont la plupart du temps floues ou « pixélisées », où on perçoit clairement la retouche automatisée apportée par les algorithmes du téléphone.
Mais on n’y est pas encore. En attendant un téléphone muni d’un vrai téléobjectif à focale variable, il faudra choisir entre des téléphones dont la caméra ne cesse de grossir