Combler l’appétit culturel des tout-petits de la Montérégie
Marie-Josée R. Roy
Ce texte fait partie du cahier spécial Culture Montérégie
En Montérégie, plusieurs organismes, dont Culture Montérégie, le centre dramatique L’Arrière-Scène et le Théâtre Motus, oeuvrent à favoriser l’éveil artistique des enfants et leur sensibilité à la culture de proximité.
Josiane Arsenault-Dubé, coordonnatrice culture jeunesse chez Culture Montérégie, s’enflamme en discourant sur les bienfaits, chez les tout-petits, de l’expérience humaine que sous-tend la culture, qu’elle se déploie sur scène, en bricolage ou en jeux de rôles, par exemple. Et ce, tant en environnement éducatif et scolaire (centres de la petite enfance (CPE), écoles, centres jeunesse) que par le biais de rendez-vous familiaux.
« Les enfants ont cette envie viscérale de connecter avec quelqu’un. La phase de découverte du monde se fait en bas âge. Déjà, au niveau des CPE, les arts et la culture servent d’objets sensoriels pour découvrir le monde qui nous entoure », précise Mme Arsenault-Dubé, ajoutant que même les spectacles destinés aux poupons de 0 à 3 ans atteignent généralement très bien leur cible. « C’est fascinant combien les bébés, instinctivement, comprennent le quatrième mur… »
Une opinion que partage Hélène Ducharme, cofondatrice et codirectrice artistique et générale du Théâtre Motus, lequel propose justement des prestations pour jeunes bambins, et pour toutes les tranches d’âge, jusqu’à l’adolescence. Spécialisé dans la marionnette et préconisant une approche multiculturelle, le Théâtre Motus, basé à Longueuil, conçoit des productions — souvent en collaboration avec des compagnies d’autres pays, comme le Sénégal ou le Mexique — appelées à voyager partout dans le monde et élabore des ateliers et autres attractions (expositions, classes de maîtres, théâtre audio). Un volet de sa programmation est dédié aux petits spectateurs touchés par le trouble du spectre de l’autisme (TSA) ou la déficience intellectuelle.
« C’est important que les enfants reviennent à un état de présence, qu’ils comprennent ce qui se passe en ce moment, sans avoir toujours quelque chose de léché, enregistré, immuable chaque fois qu’on le repasse. Qu’il se produise quelque chose en direct avec eux, ici et maintenant. Cette dynamique, je la trouve précieuse », avance Mme Ducharme.
Près de chez soi
Jean-François Guilbault, directeur artistique de L’Arrière-Scène, adresse de Beloeil qui produit et diffuse des pièces et fait de la médiation culturelle (notamment en organisant des activités liées aux spectacles avant et après les représentations, telles des séances de bricolage, de marionnettes, de mouvements), prône la découverte culturelle près de chez soi. Celle-ci, juge-t-il, s’en trouvera plus aisément accessible.
« Bien platement, ça coûte souvent moins cher de sortir près de chez nous que d’aller jusqu’à Montréal, expose-t-il. C’est plus facile de consommer plus de culture, d’y revenir plus souvent, plus d’une fois dans l’année, et d’ainsi créer une habitude. Quand c’est loin, ça emprunte un caractère plus événementiel. La culture, il faut la désacraliser, d’une certaine façon ; enlever l’image préconçue voulant que ce soit pompeux et difficile d’approche. »
« On est chanceux, il y a une qualité de création incroyable chez nous. On est demandés à travers le monde. Souvent, les gens ne le savent pas, mais à l’international, il y a un grand intérêt pour le Québec », soutient pour sa part Hélène Ducharme.
Enthousiasme naturel
Josiane Arsenault-Dubé réaffirme l’importance de vitaliser, pour le bien de l’une et de l’autre, un véritable partenariat entre les institutions culturelles et éducatives. Elle fait valoir l’avancement de la France à ce niveau, où des politiques précises ont été instaurées pour favoriser le jumelage entre culture et éducation, comme détaillé dans le Protocole d’accord entre le ministère de la Culture et de la Communication et le ministère des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes, signé à Paris en mars 2017.
« Je rêve d’un CPE où seraient accrochées des oeuvres dans les locaux, à hauteur des yeux d’enfants, sans qu’ils aient à se casser le cou pour voir un Riopelle devant eux ou toucher des sculptures. Il faut faire comprendre aux éducateurs et aux organismes que les enfants sont prêts pour cette rencontre-là. »
« Commencer à lire avec les jeunes enfants, c’est bien, mais quand on invite un écrivain dans un CPE, qui lira son livre aux enfants et répondra à leurs questions, il se passe quelque chose de plus grand que l’histoire en elle-même. Pour les plus vieux, des illustrateurs, des slameurs peuvent leur parler et leur faire voir autre chose que le monde restreint dans lequel ils évoluent. Il faut que toute la société se mobilise pour offrir ça aux jeunes ! » argue Mme Arsenault-Dubé, tandis que Jean-François Guilbault réitère l’intérêt naturel des bouts de chou pour la création au sens large.
« Quand on joue devant 350 enfants et qu’ils se mettent à taper des mains parce que la musique est bonne, ça “rentre au poste” ! Je n’ai jamais vécu ça devant une salle au théâtre de Quat’Sous… » souligne-t-il.
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