Charette dit non à un nouveau BAPE pour la voie de contournement à Lac-Mégantic

Benoit Charette en 2023
Photo: Francis Vachon Archives La Presse canadienne Benoit Charette en 2023

Le gouvernement Legault refuse un nouvel examen environnemental du BAPE sur la voie de contournement ferroviaire à Lac-Mégantic.

Près de 11 ans après la catastrophe ferroviaire qui a fait 47 morts, des groupes d’expropriés et d’écologistes insatisfaits du tracé proposé par le fédéral réclament que le financement promis par le Québec pour ce projet controversé soit conditionnel à la tenue d’une nouvelle évaluation favorable du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE).

Le gouvernement Trudeau s’est engagé à réaliser cette voie de plus de 12 km qui contournerait le centre-ville de Lac-Mégantic, pour éviter une fois pour toutes que d’autres trains chargés de matière dangereuse ne traversent la zone urbaine.

Mais lundi, les opposants ont fait valoir que le tracé proposé par Ottawa avait davantage d’impacts que ce qui a été évalué auparavant: il endommagerait notamment des dizaines d’hectares de terres agricoles et de milieux humides ainsi que la nappe phréatique.

«Le projet devant nous, ce n’est plus du tout le même», a déploré la députée de Sherbrooke, Christine Labrie, de Québec solidaire (QS), qui appuie les opposants.

« Il y a déjà eu passablement d’évaluations », a répliqué en mêlée de presse au parlement, mardi, le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, en rappelant que le BAPE a déjà produit deux évaluations précédemment sur cet enjeu.

« Ce serait retarder inutilement un projet pour une population qui veut tourner la page », a-t-il plaidé.

La facture de la voie de contournement — assumée à 60 % par le fédéral et 40 % par le Québec — s’élèverait à 1 milliard $, estime Christine Labrie qui appuie les opposants et demande au gouvernement de consulter la population.

« Ce serait normal de vérifier si le projet a encore l’appui de la communauté », a-t-elle fait valoir à la période de questions.

M. Charette a reproché à la députée de QS de ne pas avoir communiqué avec la mairesse de Lac-Mégantic, « la principale élue municipale », qui appuie le projet de voie de contournement.

« Autant la Ville [de Lac-Mégantic] que les gens de Lac-Mégantic refusent un troisième BAPE », a-t-il insisté.

Sa collègue, la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, a pour sa part fait savoir que le gouvernement Legault appuyait le fédéral pour que le dossier se règle.

« Il n’y a aucune politique à faire sur ce dossier-là, a-t-elle sermonné. J’ai été surprise en voyant la collègue [députée] de Sherbrooke. Il faut passer à autre chose, il faut tourner la page, la souffrance est encore palpable. »

Lundi, le ministre fédéral des Transports, Pablo Rodriguez, s’est également opposé à une nouvelle évaluation environnementale.

En conférence de presse lundi, les opposants ont affirmé que pendant les travaux d’assèchement du tracé, 55 millions de litres d’eau seront déversés quotidiennement dans la rivière Chaudière.

Plus de 138 puits d’eau potable seraient menacés, de même qu’un lac souterrain pourtant protégé par arrêté ministériel, tout cela pour faire passer seulement deux trains par jour, ont-ils ajouté. Pas moins de 110 hectares de milieux humides seraient en outre détruits.

Rappelons que le 6 juillet 2013, tout le centre-ville de Lac-Mégantic a été rasé par la pire catastrophe ferroviaire de l’Histoire du Canada.

Un convoi de 72 wagons de la Montreal Maine and Atlantic transportant du pétrole brut était stationné dans la localité voisine de Nantes quand son système de frein a lâché après un incendie de la locomotive. Le train s’est mis à dévaler la longue pente tout seul en pleine nuit. Il a déraillé en plein centre-ville de Lac-Mégantic, à proximité des restaurants et bars, et tué 47 personnes.

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