La CDPQ recommandera un tramway pour Québec, Ottawa déplore six ans de perdus

«On aurait le projet pour être en construction présentement, presque en opération, si on n’avait pas perdu ses six années», a lancé le ministre fédéral Steven Guilbeault.
Photo: Adrian Wyld La Presse canadienne «On aurait le projet pour être en construction présentement, presque en opération, si on n’avait pas perdu ses six années», a lancé le ministre fédéral Steven Guilbeault.

La recommandation de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) favorable à un tramway pour la ville de Québec a fait lever au ciel les yeux de bien des acteurs mardi, dont le ministre fédéral de l’Environnement, Steven Guilbeault, qui déplore que six années aient été « perdues ».

« On aurait le projet pour être en construction présentement, presque en opération, si on n’avait pas perdu ces six années », a lancé le ministre, un sourire en coin mardi.

« Maintenant, la Caisse confirme que le meilleur projet pour la ville de Québec, c’est le tramway. On est très heureux, très heureux. Nous, on appuie la ville de Québec depuis les tout débuts », a-t-il ajouté.

Ottawa s’était engagé à financer le projet à hauteur de 1,2 milliard de dollars à l’époque.

Le Parti libéral du Québec (PLQ) a, lui aussi, recouru à l’ironie pour déplorer le temps perdu mardi. « Ça prenait la CDPQ Infra pour avoir une vision en matière de mobilité ! » a raillé le député Monsef Derraji sur la plateforme X. « Six ans et des milliards de dollars perdus en raison de votre inaction. »

La CAQ s’accroche au troisième lien

Le projet d’un troisième lien n’a quant à lui pas été retenu. La Caisse a étudié six corridors pour un éventuel nouveau lien autoroutier entre Québec et Lévis, mais aucun d’entre eux ne se justifiait du point de vue de la mobilité.

Or, la ministre québécoise des Transports, Geneviève Guilbault, a laissé entendre mardi que le projet pourrait demeurer dans les plans malgré tout.

« Il est irresponsable de n’avoir qu’un seul lien permettant le transport de marchandises dans l’est du Québec », a-t-elle écrit sur la plateforme X.

Parcours déjà connu

Radio-Canada et Le Journal de Québec révélaient mardi que la CDPQ allait recommander que la Ville de Québec se dote d’un tramway sur un parcours semblable à celui présenté en 2018 par l’administration de Régis Labeaume.

La CDPQ va proposer une première phase entre les secteurs Le Gendre et Charlesbourg. Son coût est estimé à 5 milliards de dollars. Une deuxième phase se rendrait jusqu’à D’Estimauville et une troisième jusqu’à Lebourgneuf.

La Caisse pense donc être capable de proposer un projet moins coûteux que celui du maire Bruno Marchand. Plusieurs montants avaient circulé concernant son tramway.

Juste avant de se faire retirer le projet des mains par le gouvernement, le maire Marchand avait affirmé qu’il aurait pu réaliser le projet pour 8,4 milliards de dollars.

Pour réduire les coûts, la CDPQ proposera notamment des stations et des wagons plus petits. La dalle de béton serait aussi moins élevée.

Plaidé depuis longtemps

L’opposition de Québec solidaire estime quant à elle que la CDPQ lui donne raison.

« Selon les informations que nous avons à l’heure actuelle, la CDPQ Infra rejoint ce que Québec solidaire martèle depuis des années : la clé pour éliminer le trafic à Québec doit être le transport collectif. Un tramway structurant, un service rapide de bus interrives, voilà des manières de déplacer beaucoup de gens, rapidement, pour résoudre les problèmes de congestion et réduire nos GES », a pour sa part affirmé le député Etienne Grandmont.

Du côté du Parti québécois, le chef, Paul St-Pierre Plamondon, notait que cela donnait plutôt raison à la Ville de Québec.

« Selon les informations actuelles, la CDPQ reviendrait à un projet semblable au tracé d’origine. Ce qui démontrerait que la Ville de Québec avait bien travaillé et que l’incompétence de la CAQ nous aura coûté plusieurs milliards de dollars », a-t-il écrit, également sur X.

La Caisse doit présenter son rapport officiellement mercredi matin aux journalistes.

Avec Boris Proulx et La Presse canadienne

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