Les Canadiens s’adaptent au blocage des nouvelles sur Facebook et Instagram
Le blocage des contenus journalistiques sur Facebook et Instagram depuis près d’un an a poussé les Canadiens à changer leurs habitudes pour suivre l’actualité. Près de 30 % des internautes au pays consultent maintenant plus souvent les applications et les sites Web des grands médias, selon une étude publiée cette semaine. Un peu moins de 20 % disent regarder plus souvent la télévision et écouter la radio. Le recours aux médias traditionnels est particulièrement marqué chez les francophones.
« La décision de Meta a été très difficile au départ pour les grands médias. Mais on voit que les gens ont adopté de nouveaux réflexes, notamment en se rendant directement à la source. Les médias sont en train de se sevrer de leur dépendance aux plateformes de Meta », note Jean-Hugues Roy, professeur à l’École des médias de l’UQAM, au vu de ce nouveau coup de sonde.
L’étude a été réalisée pour le compte de l’Observatoire des technologies médias, une division de CBC/Radio-Canada, entre octobre et décembre, soit quelques mois après que Meta eut retiré de ses plateformes les contenus journalistiques pour protester contre l’adoption par le gouvernement fédéral de Loi sur les nouvelles en ligne.
La décision de Meta a été très difficile au départ pour les grands médias. Mais on voit que les gens ont adopté de nouveaux réflexes, notamment en se rendant directement à la source. Les médias sont en train de se sevrer de leur dépendance aux plateformes de Meta. Jean-Hugues Roy »
Rappelons que cette loi, couramment appelée C-18, oblige les géants numériques à négocier des ententes avec les médias traditionnels pour le partage des revenus tirés des contenus journalistiques. La société mère de Facebook et Instagram a plutôt réagi en bloquant complètement les nouvelles de ses plateformes.
Depuis, 33 % des internautes francophones au Canada disent se rendre plus souvent sur les sites et les applications des médias du pays. Ils sont 26 % à affirmer suivre davantage les nouvelles à la télévision pour s’informer depuis la décision de Meta ; 23 % pour ce qui est de la radio.
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Les autres réseaux sociaux, YouTube en premier lieu, sont également devenus dans les derniers mois une source d’information plus prisée par les internautes du pays en l’absence de contenus journalistiques sur Facebook et Instagram.
« En même temps, il faut faire attention dans les sondages, puisque les gens sont portés à donner une réponse qui les fera bien paraître », précise Jean-Hugues Roy, qui croit que le blocage des nouvelles a certainement amené une partie de la population à moins suivre l’actualité.
Les autres réseaux sociaux, YouTube en premier lieu, sont aussi devenus dans les derniers mois une source d’infor-mation plus prisée par les inter-nautes du pays
Les jeunes moins informés
M. Roy a en tête les Canadiens plus jeunes, entre autres. Et pour cause, lorsque Meta a bloqué les nouvelles de ses plateformes, 44 % des 18 à 34 ans reconnaissaient d’emblée que cette mesure les amènerait à consommer moins de nouvelles.
Les jeunes adultes forment d’ail-leurs le groupe d’âge qui est le moins au courant du fait que Meta empêche la diffusion de contenus journalistiques sur ses plateformes depuis août dernier.
Environ 85 % des internautes canadiens de 35 et 64 ans sondés à l’automne étaient conscients de cette réalité ; a contrario, seulement 63 % des 18 à 34 ans savaient que les grands médias étaient bloqués par Meta.
À noter que 16 % des internautes au pays citent toujours Facebook comme source d’information, même si pratiquement toutes les organisations de presse sont bloquées, y compris les petits médias régionaux.
« Les sites de sports et les sites à potins, qui reprennent d’ailleurs souvent les nouvelles des médias traditionnels, ne sont pas bloqués, par contre. Pour certains, le contenu de ces sites est une source d’information », remarque le professeur Jean-Hugues Roy.