Bruno Marchand dissipe les doutes sur son avenir politique

Trois priorités marqueront la seconde moitié du mandat de maire de Bruno Marchand. «Il faut adapter la ville aux changements climatiques : nous n’avons pas le choix parce que l’inaction va coûter plus cher. Nous sommes une ville hivernale, et d’avoir 4 % des patinoires ouvertes pendant le temps des Fêtes, ça nous impose de nous adapter.»
Jacques Boissinot La Presse canadienne Trois priorités marqueront la seconde moitié du mandat de maire de Bruno Marchand. «Il faut adapter la ville aux changements climatiques : nous n’avons pas le choix parce que l’inaction va coûter plus cher. Nous sommes une ville hivernale, et d’avoir 4 % des patinoires ouvertes pendant le temps des Fêtes, ça nous impose de nous adapter.»

Québec et son maire ne se résument pas au tramway, et Bruno Marchand entend le prouver. La qualité de vie, la vitalité économique et l’adaptation aux changements climatiques marqueront la seconde moitié de son actuel mandat — et occuperont peut-être le deuxième qu’il entend solliciter en 2025.

Bruno Marchand voulait dissiper dès l’aube de l’année le doute qui s’immisçait quant à son avenir politique depuis que le gouvernement a retiré le destin du tramway des mains d’un maire qui s’en revendiquait le capitaine. « Je ne veux pas que ça soit une distraction pour les prochains mois, explique-t-il au Devoir. J’ai une équipe extraordinaire, nous avons des idées, la ville a un potentiel énorme et nous avons envie d’y travailler. »

Élu de justesse à la mairie en 2021, le maire Bruno Marchand a connu au cours de sa jeune carrière politique autant l’état de grâce dans les sondages, avec des appuis qui frôlaient 70 % en début de mandat, que la fin de cette même lune de miel, en dégringolant de 20 points de pourcentage à l’automne 2024. Son étoile a pâli avec celle du tramway, lui aussi de moins en moins dans les faveurs de la population.

Bruno Marchand continue d’y croire, mais « Capitaine Tramway » laisse maintenant le gouvernail au gouvernement. « Un transport collectif structurant, c’est une nécessité à Québec, mais ce n’est pas la seule clé pour faire avancer la ville. Le gouvernement a pris le ballon et c’est maintenant à lui de répondre aux questions avec CDPQ Infra. “Capitaine Tramway” veut être le “Capitaine Québec” , dit-il à la blague.  Moi, j’ai pris mon costume en spandex et je l’ai donné à M. Legault. »

Bien malgré le maire, la question du transport a accaparé une grande part de l’oxygène médiatique au cours des deux dernières années. Le tramway et le troisième lien surgissaient presque systématiquement en conférence de presse, souvent au grand dam du principal intéressé, qui refuse de voir sa ville résumée à ces deux dossiers. « Il y a tellement à faire sur la qualité de vie. La mobilité en fait partie, et je ne lâche pas cet aspect-là, mais ce n’est pas juste ça. Nous l’avons toujours dit : le tramway, c’est une carte, c’est une bonne carte du jeu, mais ce n’est pas le jeu au complet. Je veux maintenant travailler sur les autres cartes », ajoute Bruno Marchand.

Passer à l’action

Trois priorités marqueront la seconde moitié de son mandat. « Il faut adapter la ville aux changements climatiques : nous n’avons pas le choix parce que l’inaction va coûter plus cher. Nous sommes une ville hivernale, et d’avoir 4 % des patinoires ouvertes pendant le temps des Fêtes, ça nous impose de nous adapter. » 

Le développement économique occupera aussi son administration. Le maire ressort ragaillardi de ses vacances — peut-être moins par cette période de repos que par un article de l’économiste Pierre Fortin qu’il citera à plusieurs occasions au cours de son entretien avec Le Devoir et qui dépeint la capitale nationale comme un « tigre économique ». 

« Nous sommes à l’aube de grands changements en économie et il faut être capable de nous adapter pour que nos entreprises en sortent gagnantes, indique Bruno Marchand. Ça demande de travailler sur la pénurie de main-d’oeuvre, le manque de logements, sur la sécurité des gens, sur le développement des quartiers. »

Il évoque à quelques reprises, au cours de l’entrevue, « les positions audacieuses et les décisions courageuses » de ses prédécesseurs qui ont contribué à faire de Québec « un endroit exceptionnel ». « Je veux être capable de poursuivre la création d’une ville malgré les vents contraires qui soufflent, d’avoir de la vision, d’avoir de l’audace comme d’autres en ont eu avant nous. » 

Son administration poursuivra les chantiers entamés au cours de ses deux premières années à la mairie : encourager la mobilité active, soulager l’itinérance, développer des artères commerciales animées dans chaque quartier, préparer la ville aux aléas climatiques d’aujourd’hui et de demain.

Maintenant que le gouvernement a garé le tramway à l’Assemblée, Bruno Marchand espère trouver la voie plus dégagée pour parler de ses autres priorités. Reste à voir si les deux principaux dossiers en mobilité à Québec sauront rattraper ce maire-coureur.

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