Barrage de roquettes du Hezbollah sur Israël, négociations attendues sur Gaza
Le Hezbollah libanais a tiré jeudi plus de 200 roquettes et drones explosifs sur le nord d’Israël et le Golan occupé, faisant redouter un nouveau conflit dans la région, à l’heure où la guerre ne connaît pas de répit dans la bande de Gaza.
Dans le même temps, après des mois de blocage, le premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou, a décidé d’envoyer une délégation pour de nouvelles négociations sur un cessez-le-feu et libération des otages retenus depuis le 7 octobre à Gaza, au lendemain de l’annonce par le Hamas de nouvelles « idées » pour un accord.
Le chef du Mossad israélien, David Barnea, est en route pour le Qatar, un des médiateurs dans le conflit à Gaza, a indiqué jeudi soir une source proche des discussions, un responsable américain évoquant une « opportunité importante ».
En riposte à l’attaque d’une ampleur sans précédent menée le 7 octobre par le Hamas contre Israël, l’armée israélienne a lancé une offensive d’envergure contre la bande de Gaza, où le mouvement islamiste palestinien est au pouvoir depuis 2007.
Le lendemain, le Hezbollah pro-iranien a, en soutien au Hamas, ouvert un front avec le voisin israélien et depuis les échanges de tirs dans les zones frontalières sont quotidiens, gagnant parfois en intensité et doublés d’une rhétorique belliqueuse.
Jeudi, le mouvement libanais a affirmé avoir tiré « plus de 200 roquettes » et des drones explosifs notamment sur des positions militaires dans le nord d’Israël et sur la partie du Golan syrien occupée par Israël, au lendemain d’un premier barrage de roquettes.
Ces tirs, a-t-il dit, sont en riposte à l’élimination mercredi par Israël d’un de ses commandants dans le sud du Liban.
Après avoir fait état d’alertes partout dans le nord d’Israël, jusqu’au Golan occupé, l’armée israélienne a indiqué qu’« environ 200 projectiles » avaient été identifiés. La plupart ont été interceptés et la chute de débris a provoqué des incendies dans plusieurs régions.
Un soldat a été tué par le tir d’une roquette dans le nord d’Israël, selon une source militaire.
En représailles, l’armée a mené des frappes contre des « installations militaires » dans le sud du Liban.
« Dans la dure campagne contre le Liban, nous avons établi un principe : quiconque nous fait du mal est un homme mort », a déclaré M. Nétanyahou lors d’une visite au QG de l’armée de l’air à Tel-Aviv.
« Où aller ? »
Principal allié d’Israël, les États-Unis ont averti qu’une guerre entre Israël et le Hezbollah pourrait provoquer un « conflit régional ».
Le 7 octobre, des commandos du Hamas infiltrés dans le sud d’Israël depuis Gaza ont mené une attaque qui a entraîné la mort de 1195 personnes en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP établi à partir de données officielles israéliennes.
Sur 251 personnes enlevées durant l’attaque, 116 sont toujours retenues à Gaza, parmi lesquelles 42 sont mortes, selon l’armée.
En riposte, Benjamin Nétanyahou a juré de détruire le Hamas, considéré comme terroriste par les États-Unis, l’Union européenne et Israël.
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L’armée israélienne a lancé une offensive aérienne puis terrestre à Gaza qui a fait jusqu’à présent 38 011 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas.
Selon la Défense civile, sept personnes ont été tuées jeudi dans des frappes israéliennes dont cinq dans une école à Gaza-ville, dans le nord du territoire palestinien assiégé et bombardé par Israël depuis près de neuf mois.
Des combats ont continué principalement dans le quartier de Choujaïya à Gaza-ville, et à Rafah dans le sud, où un ordre d’évacuation israélien émis lundi fait craindre une nouvelle offensive d’envergure.
Des témoins ont fait état de frappes aériennes intenses, de tirs d’artillerie et de combats à Rafah.
Ces dernières semaines, les combats ont repris dans plusieurs régions que l’armée avait dit contrôler, dont Choujaïya.
Depuis l’ordre d’évacuation, des dizaines de milliers de Palestiniens ont quitté des secteurs de l’est de Rafah et de Khan Younès, une nouvelle fois jetés sur les routes du territoire dévasté, en quête d’eau, de nourriture et d’abris.
« Nous sommes partis mais nous ne savons pas où aller », a témoigné Oum Malek Al-Najjar, qui a quitté avec ses enfants l’est de Khan Younès.
« Beaucoup à faire »
Dans le territoire palestinien en proie à une catastrophe humanitaire, 1,9 million d’habitants de Gaza, soit 80 % de la population, sont à présent déplacés, selon l’ONU.
Alors que toutes les tentatives d’un accord pour une trêve à Gaza ont échoué ces derniers mois, le bureau de M. Nétanyahou a annoncé que « le premier ministre a fait part au président [américain Joe] Biden de sa décision de dépêcher une délégation pour poursuivre les négociations en vue de la libération des otages ».
M. Biden s’est félicité de la décision de M. Nétanyahou.
Les derniers éléments fournis par le Hamas « pourraient fournir la base nécessaire pour conclure un accord », a indiqué un haut responsable américain qui a requis l’anonymat. Mais « il reste beaucoup à faire sur certaines étapes de mise en oeuvre », a-t-il indiqué, en prévenant que ce serait « difficile ».
Jusque-là les belligérants ont campé sur des positions inflexibles.
Benjamin Nétanyahou affirme vouloir continuer la guerre jusqu’à « la destruction du Hamas et la libération de tous les otages ». Et le Hamas réclame un cessez-le-feu permanent et un retrait total israélien de Gaza avant tout accord sur une libération d’otages.