Un billet du médecin ne sera plus exigé pour de courtes absences à l’école
Les élèves du primaire et du secondaire, de même que les étudiants de l’enseignement supérieur, n’auront plus à présenter de billet du médecin pour justifier certaines absences en classe à partir de l’automne prochain.
C’est ce qu’a annoncé le gouvernement du Québec vendredi, présentant cette mesure comme une manière de réduire la charge administrative des médecins, qui plaident depuis longtemps qu’ils passent trop de temps à gérer de la paperasse.
Ainsi, Québec a demandé aux écoles primaires et secondaires de ne plus exiger de billet du médecin pour justifier une absence de moins de cinq jours, ainsi que pour les examens dits « maison ».
L’attestation médicale sera toutefois toujours demandée pour les absences aux examens du ministère de quatrième et de cinquième secondaire, puisqu’il s’agit d’examens à sanction pour l’obtention du diplôme d’études secondaires.
En ce qui concerne les absences de plus longue durée, les écoles auront la latitude de mettre en place leur propre politique, de sorte qu’elles pourront continuer de réclamer un billet du médecin si elles le souhaitent.
Une attestation médicale pourrait aussi être demandée pour les absences aux épreuves ministérielles du primaire et de deuxième secondaire, en fonction des politiques de chaque milieu, comme c’est déjà le cas.
En point de presse à l’Assemblée nationale vendredi, le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, a dit ne pas craindre les abus. Il a précisé que les parents devront dans tous les cas continuer de motiver l’absence de leur enfant.
« L’automatisme d’aller demander un billet médical disparaît, mais la responsabilité et du parent et de la direction d’école est maintenue, a-t-il dit. Le parent va devoir continuer à motiver l’absence de son élève, puis il va falloir que la direction d’école s’en assure.
« La prise de présence, à chaque jour, ça continue. Si l’élève n’est pas là, le parent de l’élève va être appelé ou le parent aura déjà contacté l’école. […] Donc, la responsabilité des uns et des autres est préservée. C’est important de le dire. »
À l’enseignement supérieur, Québec demande aussi aux établissements de ne plus exiger d’attestation médicale pour des absences de moins de cinq jours. Ils pourront toujours le faire pour les absences plus longues.
750 000 rendez-vous dégagés annuellement
La directive envoyée au réseau scolaire s’inscrit dans la série de mesures annoncées par le gouvernement visant à réduire les tâches administratives des médecins, qui disent passer 25 % de leur temps à remplir de la paperasse.
Vendredi, le ministre du Travail, Jean Boulet, est venu poser un geste supplémentaire, déposant à l’Assemblée nationale le projet de loi 68, « Loi visant principalement à réduire la charge administrative des médecins ».
Ce projet de loi interdirait aux assureurs et administrateurs de régimes d’avantages sociaux d’exiger qu’une personne consulte un médecin pour se faire rembourser de l’équipement, comme une canne, ou les services d’un physiothérapeute, par exemple.
L’assureur ou l’administrateur ne pourrait pas non plus exiger des visites médicales répétitives ou automatiques lorsqu’une personne reçoit des prestations d’invalidité pour cause notamment de fracture ou d’épuisement professionnel.
La fréquence et la pertinence des visites seraient déterminées par le médecin, a expliqué M. Boulet, qui était en point de presse aux côtés de M. Drainville, de la ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry, et du ministre de la Santé, Christian Dubé.
Le projet de loi 68 interdirait aussi aux employeurs d’exiger un billet médical pour des absences de courte durée.
« On pense […] à la grippe, à la gastro, à un accident, à une violence conjugale, une violence à caractère sexuel, […] ou pour prendre soin d’un enfant, d’un parent. […] Ce sont des absences de courte durée », a illustré le ministre.
« Il y a une limite dans le temps, a-t-il cependant précisé. S’il y a plus que trois absences (de trois jours consécutifs) au cours d’une année, l’employeur peut intervenir. Donc, ça maintient intact le droit de l’employeur d’intervenir dans ces situations-là. »
En février, Québec a permis aux médecins de déterminer eux-mêmes à quel moment leurs patients indemnisés par la CNESST doivent être revus pour un suivi, et aboli le dédoublement du formulaire pour les demandes d’hébergement de soins de longue durée.
Ensemble, toutes ces mesures permettront de dégager annuellement près de 750 000 rendez-vous médicaux additionnels pour les patients, a déclaré M. Boulet.
Remerciant ses collègues, M. Dubé a réitéré vendredi que l’objectif est de changer la culture dans le réseau de la santé pour que les médecins puissent consacrer plus de temps à leurs patients.