Un campement en appui aux sans-abri démantelé au parc des Faubourgs
Les autorités municipales ont procédé vendredi au démantèlement d’un campement érigé dans le parc des Faubourgs, aux abords du pont Jacques-Cartier, à Montréal. Les campeurs y étaient installés depuis le 1er juillet justement pour demander un moratoire sur le démantèlement des campements de sans-abri par la Ville.
Sous le regard de dizaines de policiers et de militants délogés, les employés municipaux ont procédé en après-midi au nettoyage du site qui comptait une dizaine de tentes.
Si le démantèlement a provoqué quelques prises de bec entre policiers et militants, aucun incident majeur ni aucune arrestation ne sont à signaler, selon le Service de police de la Ville de Montréal. Une personne a été prise en charge par les services sociaux pour être relogée.
L’amertume était toutefois bien palpable chez les militants rencontrés.
« Ce qu’on demandait, c’est qu’au moins, pendant qu’on vit une crise du logement et que certaines personnes n’ont pas d’autres solutions que de se bâtir un abri de fortune, on accorde un moratoire sur les démantèlements. Pour les personnes qui n’ont pas d’autres endroits où aller, les démantèlements à répétition deviennent une forme de harcèlement », a mentionné Anick Desrosiers, travailleuse sociale.
« Personne n’était ici par plaisir. S’il y avait plus de places dans les refuges ou en appartement, on serait bien contents. Mais tout est plein. La seule préoccupation de la Ville, c’est que [l’itinérance] ne fasse pas trop tache. Il y a des campements partout, le long des pistes cyclables, près des parcs. Mais lorsque les gens se mettent ensemble et commencent à s’organiser, ce n’est plus toléré », a fait valoir Marine Gourit, militante en droit du logement au comité BAILS.
Plus tôt vendredi, la Ville de Montréal a également démantelé le camp propalestinien installé au square Victoria depuis le 22 juin en invoquant un règlement municipal sur l’occupation du domaine public.
En conférence de presse, la mairesse Valérie Plante a justifié l’intervention en affirmant que « l’espace public doit rester public ». « On ne peut pas accepter, comme société, que les rues deviennent un hôpital à ciel ouvert ou un logement à ciel ouvert », a-t-elle dit.
Les campeurs du parc des Faubourgs estiment avoir été victimes de la même volonté de la part de la Ville.
« On est solidaires avec les autres campements. Même si ce n’est pas la même cause en apparence, on partage les mêmes objectifs fondamentaux : la vie, la sécurité, la dignité, la paix. Je trouve ça très glauque comme ambiance sociale et très dangereux d’utiliser des mesures répressives comme [les démantèlements], étant donné qu’il y a de plus en plus de gens qui s’appauvrissent et qui n’auront pas accès au logement et à la propriété », a indiqué Léandre, un des organisateurs du camp, qui a préféré taire son nom de famille.
« On ne peut plus aller seulement vers la répression. D’autres camps vont renaître ailleurs. Ça ne peut pas être une solution », a mentionné Annie Lapalme d’Entraide logement Hochelaga-Maisonneuve.