L’armée israélienne ordonne l’évacuation d’une grande partie de Khan Younès

Des réfugiés palestiniens déplacés par des bombardements israéliens dans la bande de Gaza font la queue pour recevoir de l’eau, lundi, dans un camp au sud de Khan Younès.
Photo: Jehad Alshrafi Associated Press Des réfugiés palestiniens déplacés par des bombardements israéliens dans la bande de Gaza font la queue pour recevoir de l’eau, lundi, dans un camp au sud de Khan Younès.

L’armée israélienne a ordonné lundi une évacuation massive des Palestiniens d’une grande partie de Khan Younès, signe que les troupes sont susceptibles de lancer une nouvelle attaque terrestre dans la deuxième plus grande ville de la bande de Gaza.

L’ordre suggère que Khan Younès sera la cible du dernier des raids répétés d’Israël dans des parties de Gaza qu’il avait précédemment envahies au cours des neuf derniers mois, poursuivant les militants du Hamas alors qu’ils se regroupent. Une grande partie de Khan Younès a déjà été détruite lors d’un long assaut au début de cette année, mais un grand nombre de Palestiniens sont depuis revenus pour échapper à une autre offensive israélienne dans la ville la plus au sud de Gaza, Rafah.

Cet ordre intervient alors qu’Israël a libéré le directeur du principal hôpital de Gaza après l’avoir détenu pendant sept mois sans inculpation ni procès, en raison d’allégations selon lesquelles l’établissement aurait été utilisé comme centre de commandement du Hamas. Il a déclaré que lui et d’autres détenus avaient été emprisonnés dans des conditions difficiles et torturés.

La décision de libérer Mohammed Abou Salmiya a soulevé des questions sur les affirmations d’Israël concernant l’hôpital Al-Shifa, que les forces israéliennes ont attaqué à deux reprises depuis le début de la guerre de près de neuf mois avec le Hamas. M. Abou Salmiya et d’autres responsables palestiniens de la santé ont nié ces accusations.

Sa libération a déclenché un tollé dans tout le spectre politique israélien. Les ministres du gouvernement et les dirigeants de l’opposition ont exprimé leur indignation et ont insisté sur le fait que M. Abou Salmiya avait joué un rôle dans l’utilisation présumée de l’hôpital par le Hamas – bien que les services de sécurité israéliens libèrent rarement unilatéralement les prisonniers s’ils soupçonnent des liens avec des militants. Le bureau du premier ministre Benjamin Nétanyahou a qualifié cette libération de « grave erreur ».

Un assaut imminent à Khan Younès

L’appel d’évacuation de lundi couvrait toute la moitié est de Khan Younès et une grande partie du sud-est de la bande de Gaza. Plus tôt dans la journée, l’armée a déclaré qu’un barrage de roquettes avait été tiré à partir de Gaza depuis Khan Younès.

L’ordre suggérait qu’un nouvel assaut contre la ville était imminent. Les forces israéliennes ont combattu pendant des semaines à Khan Younès au début de cette année et se sont retirées, affirmant avoir détruit les bataillons du Hamas dans la ville. Mais dans d’autres endroits où l’armée a fait des déclarations similaires, de nouveaux raids ont souligné les capacités continues du Hamas.

La semaine dernière, l’armée a ordonné une évacuation du district de Shijaiya, au nord de Gaza, où des combats intenses ont eu lieu depuis.

Le premier ministre Nétanyahou a déclaré lundi que l’armée « faisait des progrès vers la fin de la phase de destruction de l’armée terroriste du Hamas ». Toutefois, il a affirmé que les forces continueraient de « cibler leurs restes à l’avenir ».

Une évacuation et le déclenchement des combats dans la région de Khan Younès pourraient entraver davantage l’accès des Palestiniens à l’eau potable, dont ils ont tant besoin. La zone d’évacuation comprend une conduite d’eau qu’Israël a installée à la suite des critiques concernant sa coupure d’eau dans le territoire au début de sa campagne.

Dans la zone se trouvent également le secteur entourant le passage de Kerem Shalom, le principal passage d’aide vers le sud de Gaza, ainsi qu’une route d’aide qu’Israël a dit qu’il protégerait pour permettre aux camions transportant de l’aide humanitaire d’entrer dans la bande assiégée. Très peu d’aide est entrée dans la bande de Gaza en raison de l’anarchie qui règne le long de la route d’aide, et une nouvelle offensive risquerait de nuire davantage.

Des libérations controversées

La décision de libérer M. Abou Salmiya et 54 autres détenus palestiniens à Gaza semble avoir été prise pour libérer de l’espace dans les centres de détention surpeuplés.

Les forces israéliennes ont attaqué l’hôpital Al-Shifa en novembre, alléguant que le Hamas avait créé un centre de commandement et de contrôle élaboré à l’intérieur de l’établissement. M. Abou Salmiya et d’autres membres du personnel ont nié ces allégations et accusé Israël de mettre imprudemment en danger des milliers de patients et de personnes déplacées qui s’y abritaient. M. Abou Salmiya a été arrêté le 22 novembre.

Au milieu du tollé suscité par la libération de M. Abou Salmiya, les différents organes de l’État israélien responsables des détentions se sont empressés de se rejeter la faute les uns sur les autres.

Après son premier raid sur l’hôpital Al-Shifa, l’armée a découvert un tunnel en dessous menant à deux salles vides, ainsi que des preuves que des militants avaient amené des otages blessés dans l’établissement. Toutefois, les preuves ne démontrent pas l’existence d’une base étendue, comme il avait été dit avant le raid.

Israël a depuis lancé des raids sur d’autres hôpitaux de Gaza sur la base d’allégations similaires, les forçant à fermer ou à réduire considérablement leurs services. L’armée a attaqué Al-Shifa une deuxième fois plus tôt cette année, causant d’importantes destructions après avoir soutenu que des militants s’y étaient regroupés.

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