Poursuite de 270 000$ contre André Boisclair pour agressions

André Boisclair en 2022
Photo: Ryan Remiorz Archives La Presse canadienne André Boisclair en 2022

Une des victimes d’André Boisclair intente une poursuite au civil contre l’ex-chef du Parti québécois (PQ). Elle lui réclame 270 000 dollars pour les « violentes » agressions, tant physiques que sexuelles, subies lors d’une seule soirée passée chez lui, il y a dix ans.

« N’eussent été les agressions sexuelles et physiques orchestrées et commises par [André Boisclair] envers [le plaignant], celui-ci n’aurait pas vécu la descente aux enfers des dernières années et tous les dommages en découlant », peut-on lire dans une poursuite déposée jeudi par le cabinet d’avocats Arsenault Dufresne Wee.

« C’est une étape importante, mais difficile pour notre client qui vit encore aujourd’hui avec les conséquences de l’agression brutale qu’il a subie. Par cette poursuite, il souhaite recevoir une compensation afin de lui permettre de continuer son processus de guérison et de mettre fin à un cauchemar qui dure depuis plusieurs années », a commenté l’avocate de la victime, Me Virginie Dufresne-Lemire.

André Boisclair a plaidé coupable en juin 2022 à deux chefs d’accusation d’agression sexuelle commise sur deux jeunes hommes, à des occasions différentes, l’une en 2014 et l’autre en 2015. Condamné à deux ans moins un jour de prison, il a obtenu une libération conditionnelle en mars 2023, à sa deuxième tentative. Il a finalement purgé un tiers de sa peine.

La victime agressée en 2014 se tourne aujourd’hui vers le tribunal civil pour obtenir un dédommagement pour les conséquences de l’agression sur sa vie. Son identité est toujours protégée par le tribunal.

Des conséquences « désastreuses »

Anxiété, problème de concentration, dépendance à la drogue et à l’alcool, la première victime d’André Boisclair expose dans sa requête les conséquences de son agression. Lors des procédures au criminel, il avait d’ailleurs témoigné devant la cour avoir vécu plusieurs épisodes de dépression qui l’ont notamment empêché de finir ses études universitaires. « J’ai eu des plans pour m’enlever la vie », avait-il confié en pleurant.

L’homme, qui avait 21 ans au moment des événements, avait commencé à échanger des messages avec André Boisclair aux alentours de décembre 2013, selon le document de cour. Quelques semaines plus tard, il est invité par l’ancien politicien à sa résidence. Avant de s’y rendre, la victime indique à l’ancien politicien ne pas vouloir avoir de sexe anal. Lorsqu’il arrive, il constate qu’André Boisclair n’est pas seul.

« [Il] aperçoit ce qui semble être différentes drogues sur la table de chevet », peut-on lire dans la requête. Celui qui a été député, ministre, chef du PQ et délégué général du Québec à New York de 2012 à 2013 lui aurait servi un verre de vin, duquel la victime n’aurait pris que quelques gorgées, craignant qu’il ne contienne de la drogue.

Pendant la soirée, certains gestes sexuels consensuels sont posés entre la victime et la troisième personne présente, mais à un moment, un quatrième homme se joint à eux. André Boisclair aurait alors exprimé son souhait de le voir se faire sodomiser. Devant le refus de la victime d’avoir du sexe anal, l’ex-politicien devient « insistant » et utilise un ton « menaçant ». Il aurait alors indiqué aux deux hommes de saisir la victime afin de la pénétrer. Le jeune homme s’est débattu, mais André Boisclair le tenait par le torse pendant qu’un des deux autres hommes tentait de le pénétrer.

« André Boisclair a orchestré une situation où lui-même et deux autres personnes ont agressé sexuellement le Demandeur, d’une manière violente et abjecte », mentionne le document. Jusqu’à aujourd’hui, les deux complices demeurent non identifiés. « [La victime] est justifiée de réclamer la compensation de tous les dommages résultant de ces brutales agressions », indique la requête. Dans sa poursuite, il mentionne également devoir suivre une thérapie continue depuis maintenant trois ans et estime en avoir encore pour de nombreuses années de consultations. « [André Boisclair] ne pouvait ignorer les conséquences désastreuses de son comportement », conclut la poursuite.

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